dimanche 31 août 2008

Génération perdue

Récemment divorcée, une mère et ses deux ados s'installe dans la station balnéaire de Santa Carla. Elle emménage chez son père, un vieux baba cool. L'aîné des deux garçons fait la connaissance d'un groupe de motards un peu louche, le plus jeunes se lie d'amitié avec deux garçons persuadés que la ville est contaminée par des vampires... Il s'avère qu'ils ont raison...

Il est de ces films que, inexplicablement, vous pouvez voir et revoir avec le même plaisir. "Génération perdue" ("The lost boys" en VO) de Joël Schumacher, réalisé en 1987, en fait partie. Comment ce petit film d'horreur familial formaté peut-il me faire resentir un tel plaisir à chaque vision? Sans doute plusieurs raisons...

La première est que, sans nul doute, ce film résume tout le kitsh et le mauvais goût des années 80, que ce soit dans l'attitude vestimentaire, la musique et l'attitude "cool" de la jeunesse. Complètement dépassé aujourd'hui, ce film sent nénanmoins bon les eighties pour tous ceux qui y ont vécu. Je crois que l'on pourrait resentir la même chose si l'on revisionnait la série "21 jump street" aujourd'hui.

La deuxième explication est probablement la qualité du casting. Retrouver Jason Patric et Kieffer Sutherland sortant de l'adolescence a quelque chose de nostalgique. Un autre acteur présent est Corey Feldfman, indiscociable pour notre génération de trentenaire de son rôle de "bagou" dans le film "Les Goonies" (où, soit dit en passant, l'on retrouve d'ailleurs le tout jeune Sean Astin, futur Sam du "Seigneur des Anneaux"). Les acteurs jouent ce film avec un plaisir manifeste qui devient diablement communicatif au cours du visionnage.

La troisième et dernière raison est aussi le travail technique remarquable fait par certains artisants sur ce petit film d'horreur: les maquillages minimalistes et efficaces de Greg Cannon, le travail photographique et des lumières de Michael Chapman, ...

Le film réunit en fait les éléments qui le rendent classique et assez unique en son genre: il capte l'esprit d'une époque, n'a pas peur de mélanger horreur pure et comédie, bénéficie d'un casting de qualité, ....

Aujourd'hui disponible en DVD, dans une édition collector, le film se regarde avec plaisir. Les suppléments sont intéressants, entre autres les quelques scènes coupées qui approfondissent les relations entre les différents protagonistes, notamment celle entre le chef des vampires et la mère des deux ados.

"Génération perdue" a un cachet indéniable, que l'on aime ou non le métrage. Personnellement, je l'ai revu hier soir et je sais pertinemment bien que je le reverrai d'ici trois ou quatre ans, retombant dessus dans ma vidéothèque. Ce film est, en quelque sorte, une petite cure de jouvence.

jeudi 28 août 2008

Astérix aux jeux olympiques

Alafolix, habitant du petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l'envahisseur, est tombé amoureux d'Irina, une princesse grecque. Il entretient avec elle une correspondance poétique à l'aide de son pigeon voyageur Télégrafix et d'Obélix qui, renonçant à la violence, lui souffle de superbes poèmes. Irina est promise à Brutus, fils adoptif de César, personnage lâche et cruel. Le père d'Irina décidé que le vainqueur des Jeux Olympiques épousera sa fille.

Cette troisième adaptation "live" des aventures d'Astérix suit le chemin emprunté par Alain Chabat: de nombreux gags, de nombreuses références au cinéma, de nombreuses "guest star" et une intrigue tournant autour de personnages autres qu'Astérix et Obélix, ne jouant ici que de simples adjuvants d'Alafolix.

L'intrigue se base surtout sur Brutus, campé par Benoît Poelvoorde (comme d'habitude génial lorsqu'il s'agit d'incarner des personnages détestables), qui cherche par tous les moyens à se débarrasser de son père César, joué par Alain Delon qui n'a manifestement pas dû se forcer pour jouer un personnage vaniteux à l'excès (il suffit de se souvenir des interviews de certains protagonistes du film: refus de jouer en présence d'autres acteurs, ce qui se voit au montage par endroits; refus de recommencer des prises de vues, Etc etc). Il est à noter que le jeu de Delon sonne d'ailleurs parfois bien faux...
Le rôle d'Astérix est repris par Clovis Cornillac qui calque malheureusement un peu son jeu sur les précédentes prestations de Clavier; il n'est néanmoins pas aussi insuportable que ce dernier. Obélix est fidèlement interprété par Gérard Depardieu, toujours aussi crédible en gros costaud candide.

Les nombreux acteurs connus et présents dans le film tirent leur épingle du jeu et font de ce métrage un plaisir pour les yeux et les oreilles: Frank Dubosc en Assurancetourix, Bouli Lanners en patriarche grec, Elie Siemoun en arbitre inventeur du "pied-balle", Francis Lananne en Barde, ... Même le champion de formule 1 Michael Schummacker s'offre un rôle bien sympathique. Dommage que notre Jean-Claude Van Damme national n'était pas libre pour incarner un gladiateur.

Un excellent divertissement avec, en prime, un fou rire involontaire lors du générique de fin: le modeste Alain Delon a fait encadrer son nom dans le générique avec la mention "avec la participation exceptionnelle de...". Incroyable et l'on peut se demander ce que Delon, qui a un jour déclaré que le Cinéma Français mourrait avec lui, pense être alors qu'il n'est jamais que comédien: il n'a pas inventé un remède contre le cancer. Même Brando, au sommet de sa crise d'égo, n'a jamais eu une pareille attitude...

mercredi 27 août 2008

Resident Evil Extinction

Le T-virus expérimenté par la Umbrella Corporation a décimé l'entièreté de la planète. Animaux et végétaux sont contaminés ou détruits. Les rares survivants, principalement des enfants, tentent de rallier l'Alaska. Les dirigeants d'Umbrella tentent eux de synthétiser un vaccin dans une base souterraine à l'aide de l'ADN d'Alice, femme génétiquement modifiée.

Troisième adaptation cinématographique du célèbrissime jeu vidéo de Capcom, "Resident Evil Extinction" se situe à mi-chemin des deux précédents opus: moins bon que le premier, meilleur que le catastrophique "Apocalypse"... Ce n'est cependant guère un compliment, le film se contentant simplement d'insérer à son intrigue des idées largement pompées d'autres métrages: l'attaque des corbeaux ("Les Oiseaux"), la tentative de domestication des zombies ("Le jour des morts vivants"), le convoi traversant le désert, protégé par une super guerrière ("Mad Max III"), ... Comble du comble, les références vidéoludiques sont elles quasiment absentes, si l'on excepte la base souterraine d'Umbrella, les noms des personnages (Claire, Carlos, ...) et le monstre final qui n'est autre... que le boss du premier jeu vidéo de la série. L'obscurité étouffante présente dans le jeu est ici remplacée par le soleil du désert. En clair, un remarquable foutage de gueule pour le joueur de base.

Enormément d'incohérences sautent aux yeux: zombies déséchés par le soleil du désert, aussi parcheminés que ceux de "L'enfer des zombies" de Lucio Fulci, mais pissant du sang frais, humains immunisés (pourquoi?), la Umbrella corporation fonctionnant comme si le monde ne s'était pas écroulé, ... De bonnes idées ne sont absolument pas exploitées. Simple exemple: la nature étant touchée par le virus, cela aurait pu amener à des scènes d'animaux et de végétaux tueurs absolument dantesques... Rien de tout cela.

Le code de base du film de zombie n'est pas respecté: c'est le cerveau qui domine les implulsions du mort et le fait marcher; c'est donc la tête qu'il faut détruire. Tadaaam!!!! Voici le seul film où l'on égorge des morts qui n'ont pas besoin de sang pour marcher, où l'on tire dans les poumons de zombies qui ne respirent pas... Génial!

Mais on ne le dira jamais assez: la présence de Milla Jovovich, vrai manequin et fausse actrice, reste le handicap majeur du film. Dotée du charisme d'un maquereau au rayon surgelé d'une poissonnerie, elle resemble toujours à une pub L'Oréal, même vêtue de frusques en lambeaux et errant dans le désert.

Les jeux Resident Evil sont, dans une majeure partie, oppressants et effrayants. Le récent "Resident Evil 4" est présent pour le rappeler. Jusqu'à maintenant, aucun film de la franchise ne produit le moindre effet de surprise. Reste au spectateur qui désire voir une adaptation plus ou moins fidèle à se retourner vers les films de Romero, qui ont inspirés les jeux. Cruelle déception.

lundi 11 août 2008

The Dark Knight

Comme le laissait penser la fin de "Batman Begins", Bruce Waine va devoir faire face à un tueur psychotique: le joker. Celui-ci propose en effet à la pègre de Gotham de stopper Batman contre la moitié des revenus mafieux de la ville. Le joker doit faire face à trois hommes avides de justice et incorruptibles: Batman, le procureur Harvey Dent et le lieutenant James Gordon.
De son côté, Bruce Waine est tiraillé entre la nécessité de poursuivre sa lutte contre le crime en incarnant Batman (devenu un modèle, certains habitants de Gotham allant jusqu'à se faire passer pour lui) et l'envie de reconquérir la femme de sa vie, Rachel Dawes, celle-ci étant fortement attirée par Harvey Dent... Situation d'autant plus compliquée du fait que Waine respecte profondément Dent...

Beaucoup de lignes ont déjà été écrite sur l'intérpretation du regretté Heat Ledger dans le rôle du joker et il faut dire que pour une fois, la presse est unanime: le Joker est un personnage hallucinant de vérité et restera sans aucun doute l'un des terroristes psychotiques majeurs de l'histoire du cinéma. Contrairement au Joker incarné par jack Nicholson, le Joker version Ledger est terrifiant à chacune de ses apparitions. Néanmoins, la prestation de Nicholson n'est pourtant pas à oublier, tant les acteurs et les réalisateurs (Burton / Nolan) avaient une approche diamétralement opposée du personnage: le duo Buton/Nicholson le voyait comme un adulte se comportant comme un gosse hyperactif; le tandem Hedger/Nolan le voit lui comme un adulte adorateur du chaos et de la terreur, ne cherchant rien d'autre que l'excitation face aux crimes qu'il accomplit. Le Joker de Burton veut de l'argent et du pouvoir, celui de Nolan ne cherche que la destruction.

Christian Bale reprend bien sûr avec brio le rôle de Batman et le reste du casting est excellent. La prestation hallucinante de Ledger ne doit pas occulter les rôles joués par Gary Oldman (le lieutenant James Gordon qui joue ici un rôle majeur), Aaron Eckhart (Harvey Dent "double face", qui fait oublier sans aucun problème l'horrible cabotinage de Tommy Lee Jones dans le Batmn III de Schumacker), Michael Caine (Alfred, fidèle serviteur de Bruce Waine) et Morgan Freeman (Lucius Fox, inventeur de génie et, avec Alfred, garant de la santé mentale de Waine).
On a même droit à un clin d'oeil à Batman Begins avec une apparition de l'Epouvantail (Cillian Murphy).

Seule ombre au tableau: l'actrice Maggie Gyllenhaal qui incarne Rachel Dawes, amour de Batman et de Dent. L'actrice, pourtant excellente, offre un jeu qui, au jugement de ma sensibilité de spectateur, ne colle pas avec l'univers de Christophe Nolan. C'est en effet un personnage que je trouve bien trop superfitiel et caricatural (son seul intérêt est de se faire enlever et qu'on tente de la sauver) et qui aurait plus eu sa place dans l'univers plus onirique de Burton.

The Dark Knight, tout en restant un blockbuster énorme, est sans conteste la meilleure adaptation des aventures de Batman sortie sur les écrans... A égalité avec le premier opus de Burton qui mettait également en scène le Joker... Comme quoi, quand un "méchant" est charismatique... Le Joker serait-il à Batman ce que Dark Vador est à Star Wars?

mardi 29 juillet 2008

Final Fantasy VII; advent children

Nous sommes dans un monde imaginaire semblable à la terre dans lequel magie et sciences cohabitent de manière tout à fait naturelle. Deux ans après la mort de Séphirot et le cataclysme qui faillit détruire le monde, de nombreuses personnes portent des géostygmates douloureux et trois personnages mystérieux, ayant en eux des cellules de Jenovah, recherchent leur "Mère".
Cloud retrouve son groupe d'écocombattants et est obligé de s'allier avec son ex-ennemi Rufus, président de la Shinra Inc. A nouveau, l'avenir de la planète semble menacé...

Signalons d'emblée que ceux qui n'ont pas, comme le rédacteur de ces quelques lignes, passé près de 150 heures à percer les secrets du jeu "Final Fantsay VII" sorti sur Playstation en 1994, qui n'ont pas sué pour arriver au mythique niveau 99, but de tout fan de RPG qui se doit, ceux-là auront beaucoup de mal à comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire (que sont les matérias? Qui est Aeris? Séphirot? Jenovah?, ...).
Si vous êtes dans le cas, deux solutions: fouiller le marché d'occase pour dénicher le jeu (convoité comme le saint Graal) et s'y mettre ou, plus simple, regarder le bonus "remeniscence of Final Fantasy VII" et se taper la demi-heure d'extrait du jeu expliquant la base de l'intrigue.
Il sera nénamoins difficile aux non-joueurs d'accrocher à l'intrigue, tant ce jeu est un mythe en soi et est encore considéré aujourd'hui comme l'un des plus grand RPG de l'histoire du jeu vidéo. Quel joueur n'a pas en effet passé des nuits blanches dessus? Quel joueur n'a pas senti son coeur se serrer à la mort du personnage d'Aeris? Quel joueur n'a pas bavé d'admiration devant des séquences cinématographiques révolutionnaires pour l'époque? Quel joueur n'a pas cherché les combinaisons ultimes de matérias pour pouvoir vaincre les Armes mythiques du désert et des fonds marins?
Tout ça pour dire que le novice ne percevra sans doute que l'incroyable défit logistique de ce film.

Voilà en effet le premier sentiment que l'on éprouve dès les premières minutes de projection: comment peut-on arriver à un tel degré de perfection dans des images générées par ordinateurs? Mis à part le côté très "Dragonball" des personnages, on a l'impression d'être devant des images réelles. Dans un secteur ou l'animation d'un métrage peut être dépassée après 3 mois, "Final Fantasy VII advent children" a atteint un degré de perfection à mon sens inégalé encore aujourd'hui. La bande-son, mixant avec brio musiques d'influence techno et métal avec de l'opéra, accompagne magnifiquement les scènes graphiques qu'elle illustre. Un tel degré de qualité s'explique par le succès de vente du jeu original (des millions d'exemplaires) et par le budget incroyable déjà accordé par Square Enix pour celui-ci: 45 millions de dollars, du jamais vu pour l'époque. Le film devait donc être à la hauteur du jeu.

Dans ce film, complément indispensable à quiconque a adoré le jeu (cette suite est d'ailleurs dédiée aux fans), Cloud trouvera la paix intérieure car il n'est toujours pas remis de la mort d'Aeris qu'il n'a pu sauver, étant arrivé trop tard dans la Cité des Anciens. Tous les personnages emblématiques que nous avons eu le plaisir de diriger, de combattre et de rencontrer dans les années 90 (Barret, Tifa, Nanaki, Cid, Youfie, Vincent, Caith Sith, Reno et les Turks, Marlène, ...) répondent présent dans le long métrage.

Les clins d'oeil au jeu sont légions: musique de GSM rappelant celle des combats gagnés, lieux emblématiques (l'Eglise, la Cité des Anciens, ...), ... Mais cela ne suffisait pas: ce film apporte au hardcore gamer des compléments d'informations indispensables et surtout une réponse à la question frustrante qu'il se posait à la fin du jeu: que deviennent les personnages? En effet, les jeux suivants (du VIII au XII) se dissocient du scénario du VII (très "écolo" et très "voyage mystique"), glissant vers un terrain beaucoup plus sentimental (à l'exception du IX et du jeu "Final Fantasy VII advent children", sorti sur PS2 suite au succès du film). Après s'être à ce point impliqué dans un jeu, le joueur se sentait quelque peu orphelin.

Elément indispensable pour les fans du jeu ou simple performance technique, on ne peut néanmoins que sortir impressionné par cette adaptation cinématographique de jeu. Elle se place largement au-dessus de ce qui s'est fait jusqu'à présent (il suffit de voir cette liste non exhaustive: "Street fighter, Mortal Kombat, Mario bross, Double Dragon, Resident Evil, Hitman, ..."). On adhère ou non... perso, je signe des deux mains.

dimanche 27 juillet 2008

Au service de Satan

Douglas Whooly (l'inconnu Alexander Brickel; la gueule de l'emploi!) est un gamin de plus ou moins 11 ans fanatique du jeu vidéo "Satan's little helper", dans lequel le personnage doit aider le diable à tuer le plus de gens possibles. Lors de la fête d'Halloween, il fait sa collecte de friandises seul, sa soeur préférant rester à la maison avec son nouveau petit copain. Maudissant celui-ci, Douglas aperçoit alors un homme déguisé en Satan qui sort ce qu'il croit être un faux cadavre d'une maison pour l'intégrer à une scène d'horreur dans le jardin. Le gamin court vers ce personnage et lui dit être fanatique de son jeu et lui demande s'il peut l'aider à se débarasser du petit ami de sa soeur. Trop heureux de pouvoir tabasser quelqu'un, le psychopate (qui ne dira pas un mot de tout le film et dont on ne verra jamais le visage) accepte avec énergie. Il se fait ensuite passer pour le petit copain en question et commence alors une virée meurtrière orchestrée par Douglas, hilare, qui ne se rendra compte que très tard que tous les meurtres sont réels.

Le film du trop rare Jeff Lieberman ("Remote control, Blue sunshine, ...") est tout simplement hilarant et se révèle être l'un des meilleurs slashers des 10 dernières années depuis le parodique "Scream". Ce gamin crédule à la limite de la connerie qui jubile devant des actes affreux qu'il croit factices est une idée géniale; c'est poussé à un point que lorsque Douglas, assistant au meurtre de son père, se rendra compte qu'il a fait rentrer un véritable meurtrier dans la maison, il priera Jésus de venir l'aider. Le psychopate sonne à la porte déguisé en messie... le gamin le laisse entrer!
Le film est parsemé de petites scènes complètement décalées: trois jeunes débiles s'amusent à casser des vitres et autres boites aux lettres durant la nuit d'Halloween en criant "anarchie" et en rigolant bêtement (on n'est pas loin de Beavis and Butthead); lorqu'ils rencontrent le tueur en ville, l'un des ados l'appelle "maître" et lui fait un savant petit salut avec les mains (dont même actuellement seuls les rappeurs ont le secret) auquel répond avec un plaisir évident le tueur. Impayable! La scène de caddies dans le parking du supermarché, hommage insolent à "Death race 2000", est aussi à placer dans les annales.

Il convient également de saluer la prestation de Joshua Annex qui arrive à donner une véritable personnalité à un tueur affublé d'un masque ridicule en utilisant toutes les techniques propres aux acteurs burlesques du cinéma muet; un véritable tour de force!

"Au service de satan" fut distribué avec le magasine "Mad Movies" et se trouve relativement facilement à l'achat dans les DVD "low budget"; je ne saurai qu'en conseiller l'achat car s'il est une comédie sous forme de slasher qu'il faut avoir vu actuellement, c'est bien celle-ci!

2001 maniacs

"2000 maniacs", réalisé par Herschell Gordon Lewis en 1964, est la première comédie gore de l'histoire du cinéma. Le même réalisateur avait réalisé, 3 ans auparavant, le premier film gore du cinéma américain: "Blood feast" (aujourd'hui complètement dépassé). "2000 maniacs" garde encore aujourd'hui un cachet indéniable, même si le côté gore est tout à fait dépassé (on trouve plus de sang dans n'importe quel blockbuster d'horreur actuel); voir les rednecks s'amuser lors d'une fête foraine à massacrer les malheureux "nordistes" dans des parodies de jeux de foire est tout simplement jubilatoire.

"2001 maniacs" reprend exactement la même histoire que le film d'origine: un village sudiste massacré par les troupes nordistes durant la Guerre de Sécession réapparaît à intervalle régulier pour trucider, au cours d'un fête foraine, les malheureux natifs d'états nordistes qu'ils arrivent à attirer dans leur village de "Pleasant Valley". Le jeu des habitants consiste à faire de leurs victimes les "invités d'honneur" de la fête. Ils se débrouillent pour les séparer et tuent une personne par jour à l'insu des autres lors d'un jeu foarain (ils ont beaucoup d'imagination!); ils servent ensuite la victime lors d'un barbecue géant qui a lieu tous les soirs.

"2000 maniacs" et "2001 maniacs" sont des parodies horrifiques du classique de 1954 "Brigadoon" (de Vincente Minnelli avec Gene Kelly et Van Johnson) dans lequel 2 américains en voyage en Ecosse vont trouver le village de Brigadoon qui apparaît tous les 100 ans. Ils vont tomber amoureux d'une habitante.

Le film d'horreur de 1964 suit le mêm schéma: chaque victime est courtisée par un habitant du village pour être mieux piégée.

"2001 maniacs" modernise le film de 1964 et c'est bien là que se situe le problème: là où Lewis prenait un réel plaisir à dissocier le côté "paysan sympathique" des habitants de Pleasant Valley et leurs actes meurtriers, Tim Sullivan nous les présente directement comme sadiques et fanatiques de l'homicide.

Le choix des personnages pose déjà un grand problème: c'est du déjà vu 1000 fois: des copains obsédés par la bière, l'herbe et le sexe qui rencontreront des copines obsédées par la bière, l'herbe et le sexe qui se feront piéger par des fantômes faisant semblant d'être obsédés par la bière, l'herbe et le sexe... En clair, le scénario de n'importe quel slasher actuel formaté par Hollywood. Là où le classique opposait des citadins nordistes et modernes à des rednecks, Sullivan plonge ses personnages modernes dans un village dont les habitants ont l'air plus dévergondés que les jeunes ados actuels: scène lesbiennes, rites d'alcool universitaires, habillement en string et en wonderbras, ... pas très crédible de la part de personnages vieux de plusieurs siècles!

Mieux encore: les mises à mort très graphiques de l'original ne sont pas montrées à l'écran (exception faite de la scène d'écartèlement); on n'en voit que le résultat... Un comble pour une comédie gore!

Seul plaisir pour les yeux: le cabotinage de Robert Englund ("Freddy, urban legned, Whishmaster, ...") dans le rôle du maire. Il bénéficie d'un capital sympathie indéniable.

En résumé, là où "2000 maniacs" posait les bases de la comédie horrifique à la "Brain dead", "2001" maniacs" se contente d'être une soupe (pas trop indigeste; soyons honnête) pour public ado de base. La jaquette du DVD parle d'ailleurs d'elle-même: "Par les producteurs de Hostel et Cabin Fever". Les mises à mort, parfois inventives, sont la seule véritable attraction du film qui souffre du fait que de nombreuses comédies d'horreur ont été réalisées depuis 1964. Il ne fait plus le poids aujourd'hui et est, dès sa sortie, complètement dépassé.

Un film d'"horreur" du samedi soir avec copains et bières... et encore!

Bubba Ho-Tep

Si vous ne le savez pas encore, Elvis n'est pas mort! Il a tout simplement voulu retrouver l'anonymat et a échangé son existence contre celle de son sosie le plus doué; c'est donc le dit sosie qui est mort!

Nous retrouvons donc Elvis Presley (Bruce Campbell) dans une maison de retraite. Il ne se déplace plus qu'en tribune et souffre terriblement de la prostate. Il se souvient des jours meilleurs et broie du noir; plus personne ne veut le croire lorsqu'il affirme qu'il est le véritable Elvis et qu'il aimerait retrouver sa fille et ses privilèges. Son seul ami et le seul à le croire est un vieil homme afro-américain en chaise roulante (Ossie Davis), persuadé d'être John F. Kennedy que l'on a teint en noir pour l'écarter de la vie politique. Les deux hommes se respectent et s'écoutent l'un l'autre, observant la vie monotone des patients qui les entourent. Ils n'attendent plus rien de la vie et souhaitent que leurs derniers jours s'écoulent de la manière la moins douloureuse possible.
Mais lorsque une momie fanatique de western se met à décimer la maison de retraite, Elvis et John décident de défendre au péril de leur vie la dernière chose qui leur reste: l'amitié des patients qui résident avec eux. Ils retrouveront ainsi dans ce dernier combat l'occasion de resentir ce que c'est que d'être un héros.

Don Coscarelli (réalisateur de la série "Phantasm", "La survivante", ...) est un réalisateur à part qui signe ici un film absolument déroutant. En lisant le résumé ci-dessus, ne peut-on pas s'attendre qu'à un comédie fantastique complètement burlesque? Il ne nous donne pourtant, sous le couvert du film fantastique, rien d'autre qu'une superbe réflexion sur la difficulté de vieillir.

Bruce Campbell ("Evil Dead, Spiderman, Xéna, Escape from LA, Alien Apocalypse, Moontrap, Maniac cop 2, ...") joue le King vieillissant avec une crédibilité stupéfiante; on n'avait plus vu meilleure incarnation d'Elvis au cinéma depuis l'interprètation bluffante de Kurt Russel dans le téléfilm de Carpenter, c'est-à-dire depuis plus de 20 ans. Il est assisté par Ossie Davis ("Malcolm X, 12 hommes en colère, Gladiator, She hate me, Dr Doolittle, Freedom man, The Hill, ...") dans son dernier rôle au cinéma (l'acteur nous a malheureusement quitté depuis), touchant dans la peau de ce vieil homme persuadé d'être au coeur d'un complot national le touchant depuis plusieurs décénnies.

Le film se déroule très lentement, à l'instar de la démarche de ses pensionnaires. Coscarelli prend le temps de nous présenter les personnages et de les rendre attachants. Toute l'ambiance de la maison de retraite est parfaitement rendue; pour peu on penserait y vivre également. Le réalisateur n'oublie pourtant pas le suspense, chaque attaque de la momie étant inquiétante. Le combat final (très lent) terminé, on ne peut s'empêcher de sentir son coeur se serrer à la vue de ces pitoyables papis, usant jusqu'à leurs dernières forces pour sauver leur misérable petit chez-eux.

Un film touchant, attachant, dans lequel le réalisateur n'a pas peur de se mettre à nu pour nous confier sa peur de vieillir mais aussi son optimisme de vouloir rester utile à la société jusqu'à son dernier souffle. Un film rare au cinéma.

Ghost Rider

Johnny Blaze (Nicolas Cage, nulissime!), cascadeur professionnel, vend son âme au diable (Peter Fonda, insipide) pour sauver son père atteint d'un cancer. Il est trompé par le Malin et devient le "Ghost Rider", envoyé des enfers chargé de récolter les âmes des mééééééchants. Devenu adulte, il retrouve Roxanne (Eva Mendes qui est comme d'habitude: pire que nulle), son amour secret. Lorsqu'elle va être menacée par Blackheart (Wes Bentley incarnant le pire fils de satan jamais vu à l'écran), Johnny va utiliser ses pouvoirs contre son ancien maître et tenter de récupérer son âme.

Tout est dit dans la présentation: Mark Steven Johnson signe ici une des pires adaptations de comics de l'histoire du cinéma. Il faut dire que ce garçon avait de l'entraînement: c'est également lui qui a réalisé le désastreux "Daredevil"!
Comme signalé plus haut, le casting est désastreux, malgré la présence de Nicolas Cage (attaché au projet depuis l'achat des droits du comic, mais jouant comme un pied) et de Peter Fonda (il se contente d'apparaître): Eva Mendes, actrice à forte poitrine (son seul atout) et parmi les plus nulles des 10 dernières années; Wes Bentley, incarnant le fils de Mephistopheles d'une manière tout simplement exécrable (Bon Jovi aurait été plus crédible, c'est dire!), ...

Le film est parsemé d'effets spéciaux en images de synthèses, tous plus moches les uns que les autres: la transformation en Ghost Rider, le morphing de Blackheart, ...

Rien dans ce film ne rappelle la noirceur de la BD originale. On peut se demander maintenant comment Mark Steven Johnson arrive à faire jouer de bons acteurs (on les aime ou non, mais Ben Affleck et Nicolas Cage bien dirigés peuvent être tous deux excellents) de manière aussi mauvaise. On ne croit pas une seconde au film (un comble avec un matériau de base comme celui du Ghost Rider!) et a aucun moment nous ne sommes pris d'empathie pour l'un ou l'autre des personnages.

Un film à fuir comme la peste!

vendredi 20 juin 2008

Halloween

Il est toujours délicat de s'attaquer aux origines d'un personnage mythique du film d'horreur; les récents "Massacre à la tronçonneuse: au commencement" et autres "L'exorciste, au commencement" nous le prouvent malheureusement. Aussi, quand les studios ont annoncé, il y a déjà quelques années, un film relatant la jeunesse de Michael Myers, le tueur d'Halloween imaginé par John Carpenter et Debra Hill dans les années 70, les fans de base avaient de quoi s'inquiéter.
C'était sans compter un réalisateur qui a entretemps connu un succès critique et public en seulement deux films et à qui les studios confient le projet: Rob Zombie.

Le réalisateur, au lieu de bacler son projet et de donner une raison bateau sur l'origine du mal (enfant maltraité, jeté à la poubelle, ...), décide de diviser son métrage en deux parties: une totalement inventée (et absolument fabuleuse) contant la jeunesse et le traitement en asile de Michael, et une autre (moins bonne mais néanmoins très ingénieuse) reprenant la totalité du film de Carpenter, avec des variantes parfois très importantes donnant à Myers un caractère bien plus violent et inquiétant.

La jeunesse de Michael n'est certes pas rose, mais entre un beau-père alcoolique aux penchants pédophiles (incarné par le fabuleux William Forsythe, qui jouait déjà le shériff dans "Devil's rejects" de Rob Zombie) et une soeur nymphomane, il reçoit un amour inconditionnel de sa mère (Sherry-Moon Zombie, émouvante) et adore sa petite soeur d'un an , Laurie. Il est harcelé par un gamin de son école, une petite frappe qui emmerde l'ensemble du bahut.
Myers (campé par Daeg Faerch, un jeune acteur à suivre de près) suit un véritable parcours initiatique dans sa folie meurtière, déclenchée par son beau-père et sa soeur. Il commence par tuer des animaux, ensuite un camarade de classe et enfin son beau-père, sa grande soeur et son petit ami. Il laissera la vie sauve à sa petite soeur, partie innocente de lui-même qu'il recherchera par la suite, et à sa mère, absente de la maison. Il ne peut tuer que masqué, comme si cet artifice lui enlevait toute humanité.

Il est pris en charge par le docteur Loomis (Malcolm Mc Dowell, criant de vérité) et un gardien (Danny Trejo, génial dans un rôle à contre courant de ce qu'il fait d'habitude) lui servira durant 15 ans de figure paternelle. Le traitement échoue, Michael tue une infirmière à coups de fourchette, hurle sur sa mère qu'il tente d'assassiner et s'enferme ensuite dans le mutisme le plus total. Il ne parlera plus jamais et se contentera de fabriquer des masques qu'il n'enlèvera plus jamais. Le choix de Malcolm Mc Dowell dans le rôle du psychiatre n'est certainement pas innocent: son personnage échoue dans sa thérapie et fait de Michael l'incarnation même du mal; on se souviendra de Mc Dowell dans "Orange mécanique", lui aussi encore plus fou à sa sortie d'asile qu'à son entrée. Zombie s'est contenté d'inverser les rôles...

Lors de son évasion, Michael, âgé de 25 ans (incarné par Tyler Mane, acteur au physique impressionnant et vu dans le rôle de Dents de Sabre dans "X-men"), fait un véritable carnage. Le meurtre le plus violent est celui du personnage de Danny Trejo, figure amicale de Michael, seul gardien le traitant en être humain. Le pont de non-retour est atteint; Myers ne croit plus en la bonté humaine et tue de manière sauvage et instinctive.

Le tueur revient dans la maison de son enfance, retrouve son masque (dont on connait enfin l'origine) et son couteau, et part à la recherche de sa soeur Laurie (Scout Taylor-Compton, très crédible). On s'interroge alors sur les motivations de Michael: après de nombreux meurtres, il se retrouve face à sa soeur (qui ignore tout de son passé), lui montre une photo de famille et enlève son masque... Est-ce un dernier appel à l'aide, pour retrouver son humanité? La réaction violente de Laurie réduit à néant ce dernier sursaut et Michael n'aura désormais comme unique but que le meurtre de sa soeur.

Je ne vais pas révéler ici l'ensemble des thèmes évoqués par Zombie, tant ils sont nombreux, ni commenter les grandes différences entre le film de Carpenter et celui-ci; je laisse la surprise au spectateur potentiel. Je parlerai encore du casting très complet et référentiel du film qui est complété, en plus des comédiens déjà cités, par: Bill Moseley ("House of 1000 corpses, Devil's rejects"), Sid Haig ("Kill Bill, House of..., Devil's..."), Ken Foree ("Zombie, Devil's Rejects"), Dee Wallace ("Rencontre du 3ème type"), Brad Dourif ("Vol au-dessus d'un nid de coucou, le Seigneur des Anneaux", la série "Deadwood", la voix de "Chucky"),... Rob Zombie s'entoure vraiment de plus en plus d'une famille d'acteurs, à l'instar de réalisateurs comme Tim Burton, Takeshi Kitano et Guillermo Del Toro.

"Halloween, le mal à un destin" (horrible titre français), est le premier film de commande de Rob Zombie. Il ne nous reste plus qu'à espérer que le jour où des studios revisiteront des créatures mythiques telles que Freddy, Jason et autres croquemitaines, ils feront appel à Rob Zombie, qui représente une conception sérieuse et respectueuse du cinéma de genre qu'espérait toute une génération de fans frustrés par la vague de films d'horreur tout public des années 90.

Back to the 70's!!!!

Leatherface, massacre à la tronçonneuse III

Je ne vais pas écrire un roman sur ce film qui est une sympathique petite production Z.

Un couple en pleine crise traverse les USA afin de rejoindre la Floride pour tenter de donner une dernière chance à leur relation. En traversant une contrée désertique du Texas, ils vont tomber aux mains d'une famille de dégénérés cannibales.

Rien de bien original dans le scénario de ce film, mais on passe un bon moment de rigolade devant ce film parfois involontairement drôle et bourré de non sens (une héroïne, qui a vu ces deux mains clouées à une chaise, recharge sans peine un fusil à pompe et tire sur tout ce qui bouge, une homme reçoit un coup de couteau dans la jambe et court après comme Ben Johnson, ...).

Pourquoi en parler alors?

Tout simplement pour que le spectateur puisse voir Viggo Mortensen ("Le Seigneur des Anneaux, L'impasse, History of violence, Les promesses de l'ombre, ...) dans le rôle du frère aîné et chef d'une famille d'anthropophages faire face avec un plaisir évident à un des "working actor" les plus cultes du cinéma d'horreur, j'ai nommé Ken Foree.

La trilogie des "Massacres à la tronçonneuse" n'a, mis à part le premier, aucune véritable qualité à signaler, si ce n'est à chaque fois un casting d'acteur talentueux qui ne se prennent à aucun moment au sérieux (le deuxième affichait quand même Dennis Hopper, Bill Moseley et Renée Zelweger).

Les producteurs des nouveaux pourraient prendre exemple car la présence du génial Robert Lee Ermey n'a jamais occulté le côté pénible du scénario et du reste du casting.

mercredi 4 juin 2008

3:10 to Yuma

Daniel Evans (Christian Bale) , fermier de son état et unijambiste depuis la guerre de Sécession, est criblé de dettes et va perdre son ranch dans la semaine. Afin de réunir les 200 dollars nécessaires pour sauver son bien, il accepte d'escorter un dangereux criminel, Ben Wade (Russel Crowe), jusqu' à la gare de Contention où il embarquera dans le train de 3 heures 10 pour Yuma... Mais la route est extrêmement longue jusqu'à la gare et la bande de Wade fera tout pour libérer son chef.

Le western est un genre extrêmement casse-gueule, tant il semble démodé et caricatural aujourd'hui. Mais ce remake du film de Delmer Daves sorti en 1957 est réalisé par James Mangold, papa de "Copland" et de "Walk the line"... autant dire que le projet était en de bonnes mains.

Signalons-le tout de suite: il s'agit, à mon sens, du meilleur western tourné depuis le fabuleux "Impitoyable" de Clint Eastwood en 1994.

Christian Bale ("Equilibrium, American psycho, Batman, Le règne du feu, ...") est tout simplement incroyable de réalisme en fermier au passé trouble, voulant à tout prix sauver les siens et regagner l'estime de son fils aîné de 14 ans même si cela doit lui coûter la vie. A aucun moment il n'est écrasé par l'interprétation excellente de l'oscarisé Russel Crowe ("Revelations, Un homme d'exception, Gladiator, American gangster, ...") qui signe pourtant ici une de ses meilleures performances d'acteur.
Les deux comédiens sont bluffants et n'ont rien à envier aux stars du western, que se soit de John Waine, Lee Marvin, Charles Bronson, Peter Fonda (qui signe ici une apparition de 10 minutes) jusqu'à Clint Eastwood et Kevin Costner.

Tout ce qui fait l'esprit du western se retrouve dans ce film: de magnifiques paysages, des fusillades et attaques de diligences menées tambour battant, des amitiés puissantes qui finissent en trahison, des tenancières de saloon jolies et pas farouches, une population prête aux pires exactions pour gagner de quoi leur faire oublier quelques temps leur misère et leur ratage du rêve américain, une vision parfois très étrange du concept de la loi et de la justice de la part des shériffs et autres chasseurs de primes employés par les "forces de l'ordre".

On peut regretter une intrusion fort courte des apaches lors du passage sur le territoire de Ben Wade et son "escorte". De plus, si ma mémoire est bonne, une attaque de nuit par les Apaches est fort douteuse: les Apaches ne tuent pas la nuit, leur culture les portant à croire que les esprits des hommes tués après le coucher du soleil les hanteront jusqu'à la fin de leur jour.

Mis à part la frustration de ne pas avoir pu assister à un véritable affrontement entre cowboys et indiens, on ne peut être que fasciné par cette impressionnante étude de personnages, abordant des thèmes aussi variés que l'acceptation de soi et de son passé, la rémission des pêchés et le dur passage de l'adolescence à l'âge adulte. Espérons que Christian Bale aura enfin prouvé, face à Russel Crowe, qu'il était capable de donner la réplique aux tout grands du monde du septième art et qu'il trouvera bien plus de rôles à sa (dé)mesure.

Un régal!

jeudi 29 mai 2008

L'exorciste, au commencement

La jeunesse du père Merrin, prêtre exorciste du classique de 1973: Merrin est hanté par l'horreur de la 2ème guerre mondiale et a perdu la foi. Nous sommes en 1949: Merrin est chargé par un collectionneur de retrouver sur un site archéologique Kényan un objet rare, une représentation du dieu Pazuzu, qui devrait se situer sous une église byzantine mise à jour par les fouilles. Arrivé sur place, son scepticisme fera place à un retour de foi lorsqu'il va être confronté à un authentique cas de possession.

Réalisé par Renny Harlin, ce film commandé par les studios est d'abord passé entre les mains de nombreux réalisateurs. Autant le dire tout de suite: c'est une bouse infâme, espèce de mixage et copier-coller de scènes qui ont fait le succès du film original.
Le père Merrin est interprété par Stellan Skarsgärd, excellent acteur habitué du cinéma de studio américain... Il livre ici le pire jeu d'acteur de sa carrière; à aucun moment il n'est crédible en prêtre ayant perdu la foi (il resemble plutôt à un mélange d'Indiana Jones de seconde zone et de père Fourras de fort boyard). Son retour vers Dieu se fait à une vitesse sidérante; les formules d'exorcisme employées pour chasser le démon (d'une pauvreté narrative qui laisse baba) fonctionnent en deux temps trois mouvements, en totale contradiction avec le combat des pères Merrin et Karras du film de 1973.

La personne possédée (je ne révèle pas le nom; gardons le "supense") garde étonnamment une très grande liberté de conscience et de mouvement (souvenons-nous du calvaire de la gamine de "L'Exorciste"), ne paraissant possédée que pour le dernier quart d'heure (débile) du film, où les stigmates apparaissent en quelques minutes à peine, figuré par un pâle maquillage honteusement pompé de la Regan du film original. Le démon se contente de proférer des insultes à conotations sexuelles pour lutter contre Merrin; on est très très loin de la confrontation psychologique vicieuse de Pazuzu face à Karras.
Les incohérences sont nombreuses:
- le début du film de 1973 montre un père Merrin, déjà très âgé, responsable de fouille au Kénya. C'est à ce moment qu'il découvre le site maudit. La version critiquée ici montre un père Merrin de tout au plus 40 ans.
- l'exorcisme en lui-même est réglé en une quinzaine de minutes montre en main; l'exorcisme pratiqué par deux prêtres, dont un spécialiste, dans la version de 1973, échoue lamentablement: le père Karras se sacrifie en se faisant posséder par le démon puis en se jetant par la fenêtre.

Les producteurs ont dû penser qu'il suffisait de placer une ou deux scènes "chocs", un maquillage pas joli et une petite scène de contortionnisme (les scènes de la tête à 360° et de l'"araignée" de Regan) pour retrouver l'ambiance proprement terrifiante de l'original.
Ils ont oublié qu'en 1973, il y avait: le roman de base de Blatty, véritable thriller horrifique; la réalisation de William Friedkin, véritable perfectionniste de l'image ne cédant aucune concession aux producteurs, exigeant de ses équipes une implication totale dans ses films; les interprétations sans faute d'Ellen Burstyn (vue récemment dans "Requiem for a dream"), de Max Von Sydow ("Le septième sceau, X-men, A nous la victoire",...) qui est un des plus grands acteurs tragiques de sa génération, de Jason Miller (le père Karras, très crédible dans son doute quant à l'existence de Dieu) et de Linda Blair, hallucinante gamine possédée.

Troquer un réalisateur comme Friedkin ("French connection, Cruising, Police fédérale Los Angeles, Le sang du châtiment, ...") contre un réalisateur de commande, troquer un roman excellent contre un scénario remanié dix fois pour échapper à la censure, troquer un casting prestigieux contre des acteurs pas trop inconnus et bankables, troquer la vision dun film d'auteur contre celle d'un blockbuster, ... Voici la recette miracle pour produire une bonne grosse bouse comme seul le cinéma américain peut en produire!

dimanche 25 mai 2008

L'antre de la folie

Un agent d'assurance, John Trent (Sam Neill, excellent), est chargé par le directeur d'une maison d'édition (Charlton Heston, savoureux) de retrouver la poule aux oeufs d'or de la boîte, Sutter Cane (Jurgen Prochnow). L'écrivain d'horreur a disparu, et avec lui son dernier manuscrit... Trent, cartésien jusqu'au bout des ongles, va doucement basculer dans la folie alors qu'il se rend compte que le monde décrit par l'écrivain est on ne peut plus réel.

Réalisé en 1995, "L'antre de la folie " est, avec "Le Prince des ténèbres", le métrage le plus terrifiant réalisé par John Carpenter. La relation acteur-personnage-réalisateur-spectateur est ici portée à son paroxisme: lequel de ces actants du cinéma joue avec les autres, lequel mène la danse? Cette question, Carpenter se la posait déjà brillamment dans le classique de 1978 "Halloween" avec l'utilisation de la caméra subjective (on ne sait jamais vraiment quand il s'agit d'un simple plan de caméra ou des yeux de Michael Myers, le tueur du film) et tente une réponse avec ce film (à noter qu'il ira encore plus loin dans cette réflexion avec l'incroyable "La fin absolue du monde", épisode de la saison 1 des Masters of Horror que je vais bien finir par présenter sur ce blog). John Trent, au départ maître de son destin, devient le pantin de l'écrivain Sutter Cane. Le film est servi par un casting absolument fabuleux, que ce soit dans les rôles principuax ou dans la figuration: chaque personnage est d'une crédibilité à toute épreuve.
Le film mélange les références réelles (on ne peut s'empêcher de penser à Stephen King avec le personnage de Cane vivant tranquille dans un petit village; le personnage principal porte le prénom du réalisateur, ...) et la culture fantastique (nombreuses références à l'oeuvre de l'écrivain H.P. Lovecraft, la scène de la "contortionniste" rappelle furieusement Mégane dans "L'exorciste", les cerbères de la mythologie grecolatine, l'église de "La Malédiction", le village dont on ne peut sortir rappelle "Le prisonnier", le cycliste rappelle furieusement certaines scènes de la psychédélique série "Twin Peaks" de Lynch, ...).

Carpenter s'amuse furieusement dans ce film, ainsi que Sam Neill qui aurait pu devenir une véritable icône du cinéma d'horreur (il avait déjà joué dans le fabuleux "Event Horizon" et dans le sympathique "Jurassic Park"), à l'instar d'un Jeffrey Combs ou d'un Bruce Campbell, s'il avait eu la "malchance "de commencer sa carrière dans ce créneau (les deux acteurs cités en comparaison, pourtant excellents, n'ont jamais eu la confiance des producteurs pour jouer dans d'autres types de films). Dotés de scènes mémorables (je ne me lasserai jamais des tentatives de fuites avortées de Trent...qui revient à son point de départ à chaque fois!), le film offre quantité de niveau de lecture différents; c'est à celà que l'on repère un classique.

Il est à signaler qu'il ne faut surtout pas se fier au packaging fastueux de l'édition DVD Metroplitan; les bonus sont peu utiles: Carpenter ne sait décidément pas parler de ces films face à une caméra (faut dire, en sept minutes!), le reste n'est que du merchandising. Seule l'interview de Greg Nicoreto (disciple de Tom Savini, maître des effets spéciaux craspecs) est agréable à suivre. Le seul mérite de cette édition DVD, et c'est tout ce qu'on lui demande, est une copie irréprochable de ce film majeur du cinéma fantastique américain. Pour ceux qui voudraient s'informer sur l'oeuvre de Carpenter, je conseille la lecture de "Mythes et Masques, les fantômes de John Carpenter" et de "John Carpenter par John Carpenter".

Carpenter prouve une fois de plus avec ce film qu'il est l'un des cinéastes indépendants les plus importants des trente dernières années. Un classique à voir et à revoir!

Bienvenue chez les Ch'tis

Un directeur de bureau de poste (Kad Merad) cherche à se faire muter sur la côte d'azur avec sa famille, afin que sa femme soit un peu moins dépressive. Afin d'obtenir un de ces postes tant convoité, il décide de se faire passer pour handicapé afin d'arriver en tête des candidatures.
Il est pris la main dans le sac et, comme réprimande, est muté dans le Nord-Pas-de-Calais. Il se liera d'amitié avec son équipe et entre autre avec le facteur (Dany Boon).

On ne peut que se réjouir du succès d'un film européen, mais on ne peut aussi que se poser des questions quant au succès incroyable du film de Dany Boon, qui bat à plat de couture le précédent record d'affluence dans les salles obscures détenu par le classique "La Grande Vadrouille". On retrouve le thème classique du personnage se croyant très supérieur (le directeur) qui va se lier d'amitié avec les habitants du coin qu'il prenait, avant de les rencontrer, pour des dégénérés; les scènes les plus drôles du film sont en effet, à mon sens, celles dans lesquelles Kad Merad est obligé de mentir à son épouse au téléphone. celle-ce est persuadée qu'il est impossible que son mari se plaise dans cette région sinistrée. L'amitié que portent à leur directeur les gens du bureau de poste est telle qu'ils iront jusqu'à simuler une fausse cité minière peuplée de crétins congénitaux afin de dégoûter la femme de leur chef de bureau pour qu'elle retourne dans le sud.
Nous avons bien sûr droit au classique happy-end.

Comment expliquer ce succès? Le thème du film est du revu et corrigé; il ne brille pas par son originalité. Les acteurs? Certes excellents (j'aime pas Dany Boon et ici, je l'ai trouvé sympa; Kad Merad fait bien sourire), avec de bons caméos (Michel Galabru, hilarant sur ses deux minutes d'écran), mais aussi avec des choix plus discutables (Line Renaud, insupportable comme à son habitude). La situation économique en France, qui n'est pas au beau fixe, les gens ont besoin de rigoler avec une bonne comédie populaire? Sans doute... Mais bon...

Si le film est, on ne peut le nier, vraiment sympathique, je ne peux néanmoins qu'affirmer ce que j'ai toujours pensé au sujet des distributeurs de films: ils profitent du fait que le spectateur lambda aime de "bons" dialogues avec de "bonnes" grosses blagues bien lourdes (le cul, les accents, ...) et maintiennent ainsi à l'affiche durant des mois ce qui fonctionne, au détriment d'autres films qui restent une semaine (l'excellent "The Mist", pour ne citer que cet exemple) voir qui ne sont même pas distribués... Car "Bienvenue chez les Ch'tis" n'est tout de même rien d'autre qu'une comédie moyennement drôle...

Succès populaire OK, cinéma populaire OK, mais quand pense-t-on au cinéphile? N'est-il pas possible de concilier les deux? Est-on obligé, à l'heure où j'écris ces lignes, de maintenir encore deux salles sur 14 pour le film de Boon et d'en réserver 5 sur 14 (si si! 5) pour le dernier Indiana Jones au complexe d'Imagibraine?
A croire qu'il ne sort qu'une cinquantaine de films par an...

samedi 10 mai 2008

Un plan simple

Sorti en 1998, ce film adapté d'un roman est un peu l'oublié des réalisations de Sam Raimi ("Evil Dead I, II, III; Darkman, Spider-man 1, 2, 3, ...") alors qu'il a remporté le Prix Spécial du Jury au célèbre Festival du Film Policier de Cognac en 1999.

Alors qu'ils retournent chez eux, trois hommes dont deux frères (Bill Paxton "Apollo 13, Terminator, Titanic, Twister" et Billy Bob Thornton "Armageddon, Primary Colors") découvrent en pleine forêt l'épave d'un petit avion. Dans celle-ci, le cadavre du pilote à moitié bouffé par les corbeaux, mais surtout un sac contenant 4 millions quatre cents mille dollars. Comme le groupe est composé de deux chômeurs et d'un comptable payé des clopinnettes, ils décident de garder l'argent; c'est le comptable, campé par Bill Paxton, qui garde le magot durant trois mois et le redistribuera si personne n'enquête sur celui-ci.
Commence alors un véritable jeu de trahison, de méfiance et de paranoia dont aucun ne sortira indemne, l'épouse enceinte du comptable (Bridget Fonda, "Jackie Brown, Jeune fille cherche appartement, Singles, Nom de code Nina") agravant les choses pour protéger sa famille au détriment de n'importe quelle autre personne.

"Jusqu'où iriez-vous pour garder un tel magot?", telle est la question lancée par Sam Raimi qui s'interroge sur le fait de risquer une vie de famille bien tranquille pour une forte somme d'argent manifestement sale. Le film (deux heures quand même) ne repose sur aucun effet, n'abuse de longs plans silencieux; il place simplement quelques personnes face à une situation qui leur échappe de plus en plus, décrite au travers de fabuleux dialogues. Le casting est absolument brillant, mais Billy Bob Thornton se surpasse dans le rôle de Jacob, personnage candide à la limite de l'innocence qui se raccroche à son enfance perdue. Il n'est pas exagéré de dire qu'une grande partie de l'intrigue repose sur ce personnage simple, voyant le bien partout et allant de désillusion en désillusion, principalement en observant les actes de son frère et de sa belle-soeur qui se transforment tout deux en véritables psychopates.

Ce thème de riquer sa peau et celle de sa famille pour des liasses de pognon sera repris plus tard par Cormac MacCarthy dans son fabuleux roman de 2005 "No country for old man", adapté brillammant au cinéma par les frères Cohen en 2008 (frères qui ont coécrits 20 ans plus tôt "Mort sur le grill" avec...Sam Raimi). Un grand romancier aurait-il pu être influencé par un grand cinéaste? Ce n'est pas impossible..

Ce film est une preuve supplémentaire que Raimi ne fut découvert que sur le tard par les gros studios hollywoodiens; il avait déjà une réputation (méritée) de réalisateur talentueux (voir culte) dans les milieux indépendants du cinéma, mais c'est la trilogie Spider-man qui le fera découvrir du grand public. La presse se targue alors de déclarer que cette trilogie est le chef d'oeuvre de Raimi... Quelle désinformation! Si on ne peut nier les qualités des Spider-man, ce ne sont jamais que des adaptations réussies de comic book, dotées de budget parmi les plus costaux de l'histoire du cinéma. Facile pour un réalisateur de la trempe de Raimi de réussir alors des blockbusters internationaux.
Mais quel mérite par rapport à un "Evil Dead" réalisé à la débrouille (film qui lancera la carrière de Bruce Campbell, acteur culte du cinéma de genre), par rapport au risque de réaliser "Darkman" à une époque où l'on ne veut que des héros optimistes, par rapport à ce fapuleux "Plan simple"?

Ceux qui ne connaissent de Raimi que les Spider-man doivent d'urgence se plonger dans la filmographie antérieure du réalisateur, disponible aujourd'hui grâce à ce support magique qu'est le DVD!

mardi 29 avril 2008

funny games

Interpellé par les interviews de Michael Haneke sur le remake qu'il a tiré de son propre film de 1997 (car destiné au public américain, gavé de violence à la télé, mais boudé par celui-ci car film européen), j'ai cherché à trouver l'original plutôt que de voir le dit remake. J'ai eu la chance de tomber dessus à la Médiathèque, en déstockage...

Ais-je vraiment eu de la chance?

Un famille allemande aisée (le mari, la femme et leur petit garçon) emménagent pour les vacances dans une luxueuse villa au bord d'un lac. Deux jeunes gens de la haute portant des gants blancs viennent leur demander des oeufs. Ils s'incrustent tout doucement et, au moment où le père leur demande sortir, l'un des "invités" fracasse le genou de celui-ci avec un club de golf. Avec un calme olympien, l'un des jeunes expose le pari: dans 12 heures, ils seront morts et eux vivants.

Durant près de deux heures, j'ai vécu un cauchemar cinématographique alors qu'Haneke ne montre rien des tortures physiques, psychologiques et finalement du triple homicide qui va se commettre. Rien! Pas une image...mais du son! Des plans insupportablement longs d'un des tortionnaires se préparant un sandwich dans la cuisine tandis que dans le salon retentit un coup de feu suivi de cris; ceux d'une femme forcée à se déshabiller devant tous pour éviter que son fils, taie d'oreiller sur la tête, ne soit étouffé... Plus de trois minutes pour se déshabiller, avec de simples plans sur les visages, pas un espace de nudité à l'écran,... Aucun cut: toutce que subit cette famille est filmé en temps réel; les seules éllypses sont pour les plans extérieurs afin que passent les dites 12 heures du "pari".

Les criminels voient ça tour à tour comme un jeu, comme une discussion sur le thème de la vie et de la mort, comme un simple amusement, comme une échapatoire à leur petite vie de riches bourgeois étriquée... Ils nous prennent plusieurs fois à témoin, du début à la fin du métrage, en nous demandant, face à la caméra, nos avis sur le pari, nos impressions... La dernière image est d'ailleurs pour nous: un petit air de défi et de satisfaction, une petite oeillade complice l'air de dire "on recommence? vous en voulez encore?".

Aucun espoir pour cette famille dès le début; une fabuleuse scène nous faisant espérer un semblant de happy end (il y a déjà un mort lors de cette scène), typique aux films américains où l'on massacre 300 "terroristes" pour sauver la gentille petite fille blanche et catholique, subit un rembobinement type VHS et recommence, nous montrant que les tueurs ont le dessus.

Jamais, je dis bien jamais, un film ne m'a frappé à ce point. J'en ai pourtant vu des milliers, et pas toujours des plus optimistes. Mais là... ce coup de poing, porté par un casting absolulment fabuleux et à la fois horriblement détestable en partie (je les hais, ces deux gars! Une haine viscérale!), je ne l'oublierai jamais.

Un film que toute personne qui ne bouge plus devant les horreurs du JT et des films de fiction doit voir, mais que je ne voudrai pourtant moi-même plus jamais revoir. Je le conseille à tous (à partir de 18 ans, si pas plus!), mais je ne veux plus jamais revoir les visages de cette famille et de ces deux monstres tellement vrais, tellement humains. Je n'irai pas voir le remake et je conseille à tout amateur de voir le film de 1997, dans sa version originale allemande.

A l'heure ou nous avalons dans l'actualité une violence peu commune, à l'heure de cette fascination morbide qu'a la masse pour les tueurs en série, à l'heure où la violence des films d'horreur revient à celle des années 70, ... Ce film, rappelant que la violence est tout sauf un divertissement, est tout simplement l'une des oeuvres majeures de l'histoire du cinéma!

Je suis persuadé que "funny games" rejoindra le panthéon des films universellement reconnu et siègera aux côtés de "freaks", "orange mécanique", "la nuit du chasseur" et autres oeuvres immortelles traitant de la violence de nos sociétés.

samedi 26 avril 2008

Kingdom Hospital

Un artiste peintre renommé est renversé par un van alors qu'il fait son jogging matinal. Paralysé mais conscient, il voit le chauffard prendre la fuite et le laisser seul le long de la route, perdue au milieu des forêts du Maine. Un fourmilier, nommé Antubis, vient lui parler et lui annonce que pour chaque service qu'il lui rendra, il devra en rendre un autre. Arrive un chauffeur poid lourd qui appelle une ambulance. Le blessé est conduit au Kingdom Hospital, bâti sur le site d'une ancienne usine détruite par un incendie qui enleva la vie à une centaine d'enfants. Très vite, le blessé aura la vision d'une petite fille munie d'une cloche qui lui demandera son aide...

Cette série en 15 épisodes (le 1 et le 13 sont des doubles), écrite en grande partie par Lars Von Trier, Stephen King et Tabitha King, nous plonge dans l'univers d'un hôpital hanté par des esprits bienveillants et malveillants. Nous y suivons un grand nombre de personnages évoluant dans l'hôpital (une médium, son fils infirmier, les différents médecins, plusieurs malades) qui, chacun à leur manière, s'uniront ou se désuniront afin d'éviter(ou de provoquer) le destin funeste qui attend l'hôpital: la destruction par un tremblement de terre provoqué par les esprits revenchards des enfants morts dans l'incendie 70 ans plus tôt.

D'emblée, il convient de signaler que, contrairement à l'annonce du boîtier DVD, ce n'est pas une série d'horreur, mais une espèce d'"Urgences" mélangée à du thriller et du fantastique.

Souvent autobiographique pour Stephen King (l'artiste renversé sur la route, le gardien condamné à plus ou moins long terme à être aveugle, ...), la série mélange habilement plusieurs intrigues qui ne trouveront leur conclusion que dans le tout dernier épisode; impossible de deviner tous les tenants et aboutissants avant la conclusion, ce qui est assez rare que pour être signalé. Les intrigues sont tour à tour réalistes (enquête sur une erreur médicale, confrérie secrète de médecins, recherches sur le sommeil) puis fantastiques (la recherche de la vérité par la médium, les rêves dans l'Entre-mondes", les fantômes, ...), chacune apportant des éléments qui se croiseront. Aucune des intrigues n'est secondaire, toutes sont indispensables au récit.

Le casting, ou apparaissent parfois des visages connus du cinéma, est excellent et chaque personnage est suffisamment développé pour que l'on s'y intéresse. Stephen King fait sa petite apparition habituelle dans l'un des épisodes.

Seul bémol: King ne peut décidément plus s'empêcher de raconter une histoire sans y mettre une bonne dose de christiannisme (l'épisode 11!), devenant parfois incohérent avec lui-même: les croyants sont représentés ici comme les seuls capables de sauver l'hôpital; "The Mist" (actuellement au cinéma ) dénonce les fanatiques chrétiens, représentés comme bien plus dangereux que les créatures anthropophages se trouvant dans la brume. Heureusement, seul le 11ème épisode tourne à la n'importe quoi; les derniers ne font que rarement allusion à l'intervention divine telle que nous la concevons, ce sont surtout les religions polythéistes qui sont alors mises en avant.

Malgré le couac cité plus haut, il serait dommage de se priver d'une série qui est sans doute, malgré le manque réel d'horreur attendu par les amateurs de King, l'une des plus intrigantes et attachantes de ces dernières années. Un excellent divertissement.

mercredi 23 avril 2008

Fanatique

Un groupe d'étudiants part sur une île de 6000 hectares, propriété d'un couple de cinéphiles, afin d'y étudier la faune pour améliorer leurs résultats scolaires. Le groupe est composé d'un bellâtre cinéphile, d'une "intello", d'une punk lesbienne, d'un asiatique homosexuel, d'un sportif surdéveloppé jusqu'au front, d'une nymphomane latino et d'un black fumeur de joints et fan de hip-hop. Ce petit groupe va allègrement être massacré par le couple propriétaire de l'île dont le passe-temps favori est de filmer des meurtres en remettant en scènes les crimes "cultes" de l'histoire du cinéma.

Pourquoi parler de ce qui ressemble à n'importe quel slasher des années 80 et 90? Justement parce que le film est volontairement cliché et référentiel, ce qui donne une lecture tout à fait ludique du métrage pour tout fan de cinéma bis digne de ce nom; ce n'est pas pour rien que le magazine Mad Movies (pourtant très critique des slashers sans surprises qui pullulent sur nos écrans) proposait ce film avec son édition du mois de mars 2008.

Si certaines images et répliques renvoient à des films connu du grand public ("Orca, Shinning, Massacre à la tronçonneuse, Ring, Psychose, ..."), d'autres sont plus subtiles (Le prof s'appelle Argento, affiches de "Mondo Cane" dans la maison, La maîtresse des lieux se nomme Mary Shelley, ...) et certaines réservées aux geeks absolus ("Killer Klowns from Other space", ...). N'ayant vu le film qu'une seule fois, je n'ai évidemment pas encore eu le temps de dresser une liste exhaustive des références, mais je ne mepriverai certainement pas de ce plaisir dès que l'occasion se présentera.

Les acteurs sont volontairement caricaturaux et branques; le film n'est pas destiné à faire peur, mais à mettre le fan devant une parodie plus respectueuse du matériau d'origine, au contraire des pitoyables soupes grand public à la "Scary Movies". Les sois-disant cinéphiles étudiants ne connaissent que les films d'horreur des 20 dernières années, exception faite des deux personnages principaux qui ne sont néanmoins capables de citer que des classiques reconnus (Boris Karloff, Bela Lugosi, Tod Browning, ...). Leur manque de connaissance des classiques "underground" sera d'ailleurs leur faiblesse: ils ne comprendront jamais ma logique des meurtriers et accumulent les erreurs ("On se divise en groupes, je vais faire pipi tout seul dans la forêt la nuit, je fume un gros pétard, ..."). Je le répète: aucune surprise au niveau des meurtres; mais comment vont-ils se dérouler?
Le scénario est néanmoins bien foutu car notre certitude sur l'identité du / des tueur(s) va en prendre un coup dans le dernier quart d'heure, en nous envoyant pourtant un gros cliché dans la gueule, admirablement bien placé dans l'intrigue.

Côté casting, on retrouve Juliet Landau (fille de Martin Landau, oscarisé dans "Ed Wood" de Burton pour son interprètation de Bela Lugosi), William Forsythe ("Devil's rejects") et Burt Young ( l'innoubliable beau-frère de Rocky Balboa).

Une bonne surprise dans le monde aseptisé du slasher contemporain.

lundi 14 avril 2008

Feast

"Des produteurs exécutifs Wes Craven, Matt Damon, Ben Affleck et Chris Moore"; cette phrase écrite en grand sur l'affiche du film donne déjà froid dans le dos tant le mélange semble improbable:
- l'autoproclamé maître de l'horreur Wes Craven, à qui l'on doit attribuer quelques indéniables réussites ("La dernière maison sur la gauche, Les griffes de la nuit"), mais surtout d'incontestables nanards ("Le sous-sol de la peur, Shocker, Un vampire à Brooklin, Cursed") dont certains ont tout de même acquis un statut culte ("La colline à des yeux" et ...pouah!..."Scream"). Craven producteur a encore récemment prouvé qu'il cultivait surtout son ego en tant que producteur: refus d'un caméo de Michael Berrymann dans le remake de "La colline à des yeux" (il avait volé la vedette à Craven en raison de son jeu et de son physique atypiques) et tirage de gueule à Aja (réalisateur du remake que la presse a qualifié de supérieur à l'original de 77).
- Matt Damon dont les incontestables qualités d'acteur ne compensent pas le doute que l'on peut émettre sur son "amour" du cinéma de genre. Il suffit de voir sa filmographie ("Will Hunting, Le soldat Ryan, Ocean's eleven, Syriana, ..."), très bonne mais aucun métrage d'horreur.
- Ben Affleck qu'il ne faut plus présenter!
- Chris Moore, producteur des American Pie!

On flaire donc juste la machine à pognon, la volonté de surfer sur la vague des navets pseudohorrifiques qui envahissent les salles au détriment des oeuvres sans concession qui sont refusées en salle et deviennent des "direct to DVD", et non la volonté de produire un véritable film d'épouvante.

Le pitch est simple et assez similaire à celui d'"Une nuit en enfer": des pequenots sont coincés dans un bar perdu au milieu du désert et doivent affronter une famille de monstres canibales... révolutionnaire! Romero a eu la même idée en 1968; il serait temps de renouveler le scénario!

Le film, une honnête série B, regorge de bonnes idées (fausses présentations des personnages donnant leur espérance de vie respective et supposée, destruction des conventions quant à qui va survivre ou mourir, ...), mais souffre d'un rythme trop lent. Les scènes gores abondent au début, mais le nombre élevé de victimes dans les 15 premières minutes réduit fortement la tension et le suspense dans la suite du métrage. L'humour et le grand guignol dominent, les scènes d'action sont filmées caméra à l'épaule et en courant, sans doute pour compenser une fois de plus des maquillages baclés.

Les acteurs sont potables, la plupart issus des séries ados à la mode (on voit le public concerné); seul un vieux brisquard du genre est présent à l'affiche: Henri Rollins (leader de Blag Flag et du Rollins Band, groupes phares de la scène harcore punk américaine depuis 25 ans), dans un rôle surprenant au vu de la carrure du bonhomme, qui n'est pas crédité sur le verso du DVD à égal des autres acteurs...sans doute est-il inconnu des 13-17 ans!

En bref, il s'agit d'un agréble film pop corn sur canapé avec les potes, mais aussi d'un film sans grandes surprises, excepté dans le choix des personnages qui survivront. Si le groupe de producteurs exécutifs espère être crédible dans la communauté des geeks, il doit absolument revoir sa copie!

Un film à conseiller et qui plaira surtout aux novices...en espérant qu'ils découvriront autre chose par la suite!

vendredi 28 mars 2008

Hostel chapitre II

Ceux qui ont entendu à l'époque mes critiques radios d'Hostel le savent: je n'aime pas Eli Roth en tant que réalisateur. "Cabin Fever" m'a profondément emmerdé et j'avais qualifié "Hostel d'American Pie pseudo-horrifique.

Force est de constater qu'Hostel 2 me réconcilie avec Roth.

Je n'apprécie toujours pas le "Quentin Tarantino présente"; depuis que celui-ci s'est autoproclamé mémoire vivante du cinéma bis (depuis lors, il ne fait quasiment plus de films; il les commet!), pas mal de réalisateurs courent après cette marque de fabrique pour attirer le plus possible de monde dans les salles. Eli Roth fait partie de la secte des adorateurs de la Bible tarantinesque et c'est un de ses défauts majeurs... passons!

L'intérêt d'"Hostel 2" est que la plus grande partie du film s'intéresse à l'organisation des scéances de torture et à la psychologie de deux de ses clients, Todd (Richard Burgi, impérial, vu dans "Braqueurs amateurs", In her shoes", "Cellular" et la première saison de "24h chrono") et Stuart (Roger Bart, tour à tour touchant et salement flippant, vu dans "Les producteurs", "Et Dieu créa la femme"). Les deux amis découvrent alors l'énorme marge qu'il y a entre le phantasme de la torture et du meurtre et le passage à l'acte. D'autres scènes mettant en valeur d'autres clients apparaissent pour donner le quota de meurtres crapuleux au film, dont une scène de cannibalisme dans laquelle le client n'est autre que Ruggero Deodato, réalisateur du cultissime (et kitshissime!) "Cannibal Holocaust".

A l'amateur d'images fortes: malgré le qualifitatif "gore", on a déjà vu bien pire aucinéma!

Hostel 1 commence là où le premier s'arrête: Paxton (Jay Fernandez, insipide) s'est échappé de l'usine de torture et est retourné aux USA. Sa petite amie le retrouve décapité dans sa cuisine. Générique et nouvelles victimes: trois jeunes étudiantes en art attirée par le modèle de dessin vers les cures thermales slovaques. Le piège se referme. Je passe la psychologie primaire des victimes; seuls les clients sont intéressants. Exception faite de l'inévitable survivante qui va devenir bien pire que le client auquel elle a échappé.

Roth nous donne ici enfin la preuve qu'il est ce qu'il a toujours prétendu être: un fan des giallis des années 70. On y retrouve, outre Deodato, des acteurs cultes de cette période dans des rôles variés:Edwige Fenech ("L'homme aux nerfs d'acier"), Luc Merenda ("Soleil rouge", "Les assassins de l'ordre", "OSS 117 prend des vacances"), ...
On retrouve également certains acteurs non américains dont la présence vise évidemment à ce que les publics européens et de l'Est s'y retrouvent: liliya Malkina ("Kolya", nomminé à l'oscar en 97), Stanislav Ianevski ("Harry Potter"), et Milan Knazko (véritable star en Slovaquie et ministre de la culture durant 13 ans) dans le rôle de Sasha, parrain de l'organisation.

Dans ce film, Eli Roth compense tous les manques du premier opus: comment le client choisit-il sa victime, comment fonctionne cette mafia, ...
Reste à savoir s'il s'agit d'un coup de bol ou si Eli Roth est vraiment un excellent réalisateur de métrage d'horreur.

En attendant, pourquoi bouder son plaisir?

28 semaines plus tard

Danny Boyle (Trainspotting, Sunshine) avait supris tout le monde avec le succès immense remporté par son film 28 jours plus tard. Dès lors, une suite était prévue mais Boyle annonça directement qu'il ne serait pas aux commandes; il laisse alors la place à Juan Carlos Fesnadillo (Intacto, Esposados) pour la réalisation.

Boyle est un découvreur de talent en ce qui concerne les acteurs (Ewan MacGregor dans "Trainspotting", Cilian Murphy (Sunshine, Batman Begins) dans 28 jours plus tard, ...); il faut croire qu'il l'est aussi dans le choix de ses réalisateurs. Producteur intelligent, il place Robert Carlyle (Trainspotting, Full Monthy, Ravenous, ...), acteur connu en Europe et réputé exigeant sur la qualité des films dans lesquels il accepte de jouer, en tête d'affiche. Ce choix lui assure que le film ne sera pas classé en "horreur pour ados prépubères".

D'emblée, la couleur est annoncée: le film est noir, extrêmement noir! Les 5 premières minutes nous présentent Carlyle qui n'hésite pas à abandonner sa femme et le groupe qui l'aide pour sauver sa propre peau des "infectés".
Un quartier de Londres est sous haute sécurité américaine et protège un groupe de 15000 survivants des attaques des infectés cannibales. Toute personne mordue, en contact avec le sang ou la salive de ceux-ci devient l'un d'eux.

En 20 minutes, le virus est présent dans ce lieu "sécurisé" et les deux enfants de Carlyle, protégés par un médecin militaire et un sniper qui les savent naturellement protégé du virus (espoir de sérum), doivent traverser un Londres aux mains des "zombies "et des militaires qui ont ordre de tirer sur tout ce qui bouge. Fesnadillo ne nous laisse alors aucun répis et l'on assiste à la fuite éperdue de ce petit groupe de survivants.

Les thèmes du film son nombreux et ont dû faire grincer des dents la bonne morale occidentale: éclatement de la cellule familiale (après avoir abandonné son épouse, le père infecté veut dévorer ses gosses), dénonciation de la connerie profonde de l'armée (refus d'écouter les scientifiques et foi absolue dans la puissance des armes à feu...face à un virus!), rappel de la déshumanisation en cas de danger (chacun pour soi et Dieu pour tous), ...

Les scènes d'action et de poursuite (nombreuses) sont filmées à l'épaule et décalées par une musique très douce. Cette manière de filmer est d'ailleurs parfois à la limite du regardable, surtout dans les scènes nocturnes, mais la tension est justement renforcée par cette difficulté de lecture de l'image.

On peut reprocher un manque de psychologie des personnages et un trop grande importance accordée à l'action pure, mais force est de constater que la recette est nénamoins efficace. Fesnadillo nous renvoie notre propre bestialité à la gueule, parfois en faisant référence à "28 jours plus tard". Un exemple? Dans "28 jours", le héros déshumanisé crève de ses pouces les yeux d'un militaire; dans "28 semaines", Carlyle, infecté, procède de la même façon pour son premier meurtre... La limite entre les humains et les enragés est franchie; les uns ne sont pas plus sauvages que les autres...

Avec une fin ouvertement pessimiste qui laisse entrevoir un troisième opus, "28 semaines plus tard" se place aisément dans le top des films d'horreur les plus noirs et les plus violents de ces dernières années.

lundi 17 mars 2008

Fido

Dans un monde resemblant fortement aux Etats Unis dans les années 50, un virus transforme une grande partie de la population en zombies cannibales. Une société privée met au point un collier qui permey d'en faire, au choix, des esclaves, des compagnons de jeux, ... Les villes sont entourées de grilles les séparants des zombies non domestiqués. Un jeune garçon voit arriver dans sa famille un zombie qu'il prénomme Fido. Le père est farouchement opposé à la possession d'un zombie (il a dû tuer son propre père qui menaçait de le dévorer et a depuis une véritable phobie); la mère s'y attache et développe un amour platonique envers la créature.
Seulement, les colliers ont des ratés et Fido dévore quelques voisins...

Basé sur le pitch original de la domestication des zombies (déjà entamé par Romero dans "Le jour des morts vivants" en 1986), le film peine à trouver sa voie entre l'horreur pure et la parodie.
En effet, les rares scènes de canibalisme propres au genre ne sont guère réussie d'un point de vue graphique, et l'humour n'est pas assez féroce, tendant plutôt vers un "Mariage de mon meilleur ami" version zombie. Le seul personnage à arracher un sourire est celui du voisin, amoureux de sa morte vivante.
Le personnage de la mère, campé par Carrie Anne Moss (The Matrix), est attachant par son envie de préserver une certaine normalité envers ses voisins (il faut avoir un zombie domestique) et par l'ambiguité de ses sentiments envers Fido. Son mari, complètement obsédé par ses funérailles (toute la famille est assurée pour avoir un enterrement et ne pas finr en zombie; buisness is buisness!), ne se réjouit pas de la grossesse de son épouse car il n'aura pas les moyens d'économiser pour les obsèques d'un deuxième enfant.

En bref, Fido regorge d'excellentes idées peu exploitées. Il n'en reste pas moins un bon divertissement mais ni les amateurs d'horreur ou de comédies horrifiques à la "Shaun of the dead" n'en auront pour leur argent.

Un film passable.

mercredi 20 février 2008

13 Tzameti

Sébastien, un jeune ouvrier de 22 ans travaillant sur le toit d'une maison, entend son employeur du moment parler d'un courrier qui devrait lui rapporter une jolie somme d'argent. Lorsque celui-ci meurt d'une overdose dans sa baignoire, Sébastien s'empare du courrier et décide de suivre les indications, croyant sans doute trouver un petit boulot illégal qui lui assurerait une jolie somme. Arrivé au terme de son voyage, il découvre qu'il est le numéro 13 d'un jeu dans lequel il va mettre sa vie en péril, un jeu dans lequel il va être forcé de tuer.

Le premier film de Gela Babluani (qui joue aussi le personnage principal) fait partie de ces métrages français qui se veulent d'auteur et intellectuels, mais qui n'en n'ont que la forme.
Filmé entièrement en noir et blanc, nous découvrons de très jolis cadrages, mais également très clichés: je filme les pieds qui marchent, je fais un gros plan sur la clé dans la serrure, je filme le visage qui réfléchit (enfin, il paraît), je filme de longs blanc entre deux personnages,... La descente aux enfers du héros ne donne lieu à aucune remise en question de celui-ci, et le réalisateur ne s'intéresse pas une minute à la psychologie des personnages qu'ils présentent, que ce soit les joueurs ou les parieurs.

Le film est également bourré d'invraisemblances: c'est un inconnu qui arrive et on le laisse jouer, les parieurs amènent de l'argent comptant (des millions d'euros) et pas un seul joueur ne propose aux autres de braquer ceux-ci, alors qu'ils sont armés de revolvers et qu'on ne voit aucun garde armé. L'arbitre annonce des règles aux mafieux (ne pas monter sur le "ring") qu'aucun ne respecte vraiment, le positionnement des joueurs lorsqu'ils se tirent dessus (chacun vise la nuque de celui qui est devant lui, avec 1, 2 ou 3 balles dans son chargeur) est illogique: la balle devrait logiquement traverser la nuque et tuer celui qui se trouve après, ...

Ce qui aurait pu être un honnête petit trhiller devient, par l'ambition de son réalisateur, un film dans lequel il ne se passe rien; je n'ai rien contre, Kitano est expert dans ce genre de métrages et j'adore ce qu'il fait, mais un film dans lequel il ne se passe rien et qui ne raconte rien ne peut fatalement provoquer qu'une seule chose: un ennui profond.

Je parlerai aussi du jeu d'acteur qui frôle le ridicule: le héros qu'il est gentil et qu'il comprend pas ce qui lui arrive, les méchants qui ont dû être engagé sur leur physique (au plus je suis prognate et poilu, au plus que je suis un gros méchant qui prend plaisir au jeu!), ...

Bref, 13 Tzameti accumule les clichés et on est en totale overdose.

Une énorme déception au vu des récompenses (Festival de Venise, Sundance) emportées par Babluani.

lundi 11 février 2008

No country for old man

Les frères Coen signent avec ce métrage leur premier film non personnel puisqu'il s'agit de l'adaptation d'un livre du remarquable Cormac McCarthy ("De si jolis chevaux"). Inutile donc de se poser la question mais j'y réponds quand même: non, ce film n'entretient aucun rapport avec la filmographie des Coen; seul "Fargo" pourrait éventuellement trouver quelques thèmes communs.
Il est nénmoins évident que ce film possède la patte des deux frères: l'image, la façon de filmer, de diriger les acteurs, ... est typiquement "Coennienne". La fusion de l'univers de McCarthy et de la vision des Coen est tout simplement magnifique.

Un homme (Josh Brolin) trouve par hasard et en plein milieu du désert plusieurs cadavres autour de véhicules. Il comprend bien vite qu'il s'agit d'un deal qui a mal tourné. Le seul survivant de la fusillade est blessé à mort et réclame de l'eau. L'ignorant totalement, Brolin piste l'homme qui s'est manifestement enfui blessé en emportant l'argent qui ne se trouve pas sur la scène du crime, au contraire de la drogue. Il découvre le cadavre et une valise contenant 2 millions de dollars. Il rentre à sa caravane et, culpabilisé d'avoir abandonné un mourrant dans le désert, retourne de nuit sur les lieux de l'échange. mal lui en prend car il est blessé par balles et doit prendre la fuite avec la valise après avoir envoyé sa femme chez sa belle-mère.
Commence alors une terrible chasse à l'homme.

Le film tient principalement sur cette chasse à l'homme. le tueur, campé par un Javier Bardem méconnaissable et largement oscarisable pour sa prestation, ne laisse aucun survivant sur sa route et ne semble pas pouvoir être arrêté. Il ne laissse aucune chance à ses victimes principales; les secondaires ont parfois droit à un salut en jouant à pile ou face. Bardem ne joue pas un tueur, il joue La Mort, tout simplement inévitable (que les amateurs de happy end sortent de la salle; ils en seront pour leurs frais). Le policier responsable de l'enquête (Tommy Lee Jones, brillant comme à son habitude) ne fait pas de zèle car proche de la retraite.

Filmé à la façon d'un western moderne (les plans filmés en extérieur dans le désert sont d'une beauté confondante), ce film peut perturber les fans pur et dur des frères Coen, habitués à des histoires entièrement créées et maîtisées par ceux-ci. Mais il est clair qu'après "Intolérable cruauté" et "Ladykillers", films réussis mais en deçà des productions antérieures, Joel et Ethan Coen apportent la preuve qu'ils comptent parmi les cinéastes les plus doués de leur génération et qu'ils sont capables d'apporter une touche personnelle à l'adaptation d'un roman pourtant déjà très visuel à l'écrit. Un vrai tour de force.

A noter également la présentation du film en salle avec un court métrage d'un jeune homme nous expliquant ce que nous allons voir et dans lequel nous avons une nouvelle preuve de l'ego démesuré de Tarantino (voir "Grindhouse") qui avait réalisé (mais oui!) la cassette d'audition d'un de leur protégé pour impressionner les Coen. La réponse de ceux-ci: "Bel éclairage!". Garder une telle intégrité créatrice est de plus en plus rare.

Pour terminer, je ne peux m'empêcher, en tant que fan de cinéma de genre, de signaler la courte apparition de Woody Harrelson ("Natural born killers") ainsi que celle de Danny Trejo ("une nuit en enfer", "Con air", "Machette", Devil's rejects", ...), même pas créditée, qui joue ici...le cadavre du porteur d'argent!

Hot Fuzz

L'équipe gagnante du délirant "Shaun of the dead" (magnifique parodie du "Dawn of the dead" de George A. Romero) remet le couvert pour, cette fois, une brillante parodie du film d'action type "Die hard" et du film noir. Nous retrouvons donc Edgar Wright à la réalisation et le duo comique hilarant Simon Pegg/Nick Frost.

Un flic parfait (Pegg) est muté dans "le plus beau village d'Angleterre" par ses supérieurs londonniens car son palmarès professionnel fait passer n'importe quel autre flic pour un incapable. Arrivé dans cette ville apparamment parfaite, il se lie d'amitié avec un flic alcoolo et gaffeur fan de "Bad boys 2" et "Point break" (Nick Frost). Notre flicard londonnien va vite se rendre compte que la tranquilité de cette ville n'est qu'apparente car plusieurs morts plus que louches, qualifiées d'accidents par la population et ses supérieurs, le mettent sur la piste d'un tueur en série.

Si nos britishs avaient déjà réussi un formidable métrage avec "Shaun of the dead", "Hot fuzz" est un remarquable hommage au film d'action. Reprenant tout les codes (la fusillade dans le village, tournée comme un véritable blockbuster type "l'arme fatale", est dors et déjà culte) en les poussant aux limites du ridicules, Edgar Wright n'oublie pas non plus le côté scénaristique et offre un véritable thriller comme on n'en avait pas vu depuis longtemps. Là est la force de ce film: on se marre mais on se pose des questions; les scènes de pur délire alternent avec des scènes repoussantes (la découverte du charnier), ... Les amateurs de scènes plus gores ne seront d'ailleurs pas en reste, les meurtres étant dignes des meilleurs slashers des années 70 et 80 (l'empalement de Timothy Dalton est tout simplement dégeulasse!).

Le casting n'est pas en reste car outre les acteurs déjà vus dans "Shaun...", Wright s'offre les services de Timothy Dalton (James Bond) dans un rôle de gérant de supermarché absolument délicieux. Je vous défie même de trouver deux stars non créditées au générique mais qui font une courte apparition déguisée: Peter Jackson ("Bad Taste, Braine dead, Le seigneur des anneaux") et Cate Blanchett ("Coffee and cigarettes, Elizabeth"); pas mal pour un deuxième film.

A l'instar de "Shaun of the dead", Edgar Wright signe une deuxième oeuvre jouissive et se pose comme un cinéaste majeur du cinéma européen.

samedi 26 janvier 2008

Vacuum Killer

Film 100% pur belge réalisé par Chris LAmot, alias Doctor Chris, qui y joue Chris, un assistant de laboratoire dégoûté par le renvoi de sa mère, technicienne de surface dans une maison de disques. Celle-ci se suicide de désespoir; son mari (Jacques Verbist), alcoolo chômeur accro aux jaux télévisés, ne trouve rien de mieux à faire que de se marrer. Chris bascule alors dans la violence en fracassant le crâne de son père et trouve refuge chez Jim l'Alien (Hervé Joway, également responsable de la BO), son dealer.
Un accident de laboratoire aggrave encore la folie de Chris qui se greffe un aspirateur à l'avant bras et décide de nettoyer la société de la pourriture qui l'exploite. Commence alors une longue série de meurtres.

Que dire de ce pur délire à la belge? C'est un joyeux foutoir organisé qui ne se prend jamais au sérieux, délivrant néanmoins un message social d'une manière peu commune. Sélectionné pour le BIFFF, le film est présenté au marché de Cannes par son réalisateur et le voici enfin disponible en DVD.

Malgré quelques défauts imputables au budget serré (et autoproduit), on ne peut qu'appauldir ce métrage qui rappelle la bonne époque Troma (et le revendique clairement), présentant des acteurs qui se sont manifestement bien marrés sur le tournage. Les téléphages reconnaîtront d'ailleurs peut-être Aldo Palucci (qui joue le facteur) qui fit la une d'un reportage de Streap Tease sur la Une.

Pour résumer, tout amateur de Bis qui se respecte se doit d'encourager et de découvrir cette perle, unique en son genre, véritable déclaration d'amour d'un réalisateur belge face à un cinéma d'horreur de plus en plus aseptisé. Aux dernières nouvelles, Chris s'attaque à son projet de second métrage, "Trasho familio".

Pour plus d'infos, voir le site en lien.

jeudi 24 janvier 2008

Seul contre tous

L'éditeur "Studiocanal" a eu l'intelligence de proposer le dvd accompagné du court métrage "Carne" qui met en scène tous ce qui résumé au début du long: un boucher orphelin (Philippe Nahon, brillant) élève seul sa fille autiste. Il la croit violée par un ouvrier et s'empresse de se rendre sur le chantier où il défigure un innocent. Pour abaisser sa peine de prison, il vend boucherie et appartement. Commence alors sa descente aux enfers. Sa fille est placée dans une institution. A la sortie de prison, il trouve un job de "technicien de surface" chez une patronne de bistro, qui devient sa maîtresse et tombe enceinte. Il est lui est interdit de voir sa fille; on le soupçonne de relations incestueuse. Il part refaire sa vie avec la patronne en dehors de Paris. Fin

Le film démarre là ou le court s'arrête. Les promesses de sa maîtresse (lui offrir le bail d'une boucherie) se font attendre. Ils vivent chez sa belle-mère et notre homme supporte de moins en moins sa nouvelle famille. Lors d'une dispute violente, il plaque tout et revient à Paris pour refaire sa vie. Chaque essai se solde par un échec. Résolu d'en finir, il récupère sa fille et décide de la tuer, puis de se suicider. Il renonce au dernier moment et se rend coupable de l'inceste contre lequel il lutte de puis des années. Le film se referme sur un homme heureux, revenu à la vie dans les bras de sa fille qui n'est plus pour lui qu'une femme qu'il aime.

Gaspar Noé apporte une profonde réflexion d'un individu face aux lois et à la morale qui lui sont imposés; le boucher tente de s'intégrer dans la société mais la voix off de Nahon révèle la vérité: il est asocial et a une profonde haine envers les autres qui ne demande qu'à faire surface. Des messages s'adressant directement au spectateur ponctuent le film ("Etes-vous à l'abris d'un dérapage?", "Vous pouvez tout perdre en une seconde", ...), lui rappelant que l'animal qu'ils voient évoluer dans cette fiction n'est qu'un reflet de n'importe quel être humain.
Le boucher est poussé à bout et en veut au monde entier. Des pulsions violentes lui traversent l'esprit: homicide, torture, sévice sexuel, infanticide (concrétisé lors du passage à tabac de sa maîtresse enceinte), inceste, xénophobie, tendance suicidaire, paranoïa profonde, ... Durant l'entièreté du film, on se croit dans une oeuvre d'anticipation, tant l'atmosphère est étouffante et rappelle une dictature d'extrême droite; nous ne sommes pourtant qu'en France, de nos jours.
L'homme ne trouve son salut et sa sortie des enfers que dans un acte considéré comme l'un des plus grave dans notre société: l'inceste. Il décidé d'aimer sa fille comme une femme et envoie ainsi balader une société qui lui impose son point de vue.

On peut discuter longtemps du pour et du contre du message, mais ce film ne laisse pas indifférent et remet en question l'idée même de la société: vivons-nous en société ou n'est-ce qu'une apparence? Chacun vit-il pour soi et n'entretient-il des contacts humains que par intérêt, peur d'être jugé ou peur de laisser éclater sa vraie nature? Qu'adviendra-t-il de nos amis, de nos familles, si nous avons le toupet de déraper à un moment? Y aura-t-il une main secourable ou nous laissera-t-on crever dans le caniveau?

Noé pose un film de société dérangeant mais à mon sens brillant et indispensable. Philippe Nahon, qui vit son personnage, donne à la vision de Noé une vérité crue que l'on avait plus vue depuis longtemps dans le petit monde du septième art.

mercredi 23 janvier 2008

Rocky Balboa

Sylvester Stallone a récemment déclaré qu'il n'avait pas oublié devoir une grande partie de sa popularité grâce à ce "petit boxeur de Philadelphie". Il voulait donc lui rendre un dernier hommage en lui faisant quitter le monde du ring et du septième art par la grande porte.

Rocky, 10 fois nominé aux oscars en 1976, lança la carrière de Stallone (ainsi que Rambo, mais ce métrage n'est pas personnel).
Le deuxième opus voit Stallone prendre totalement la destinée de son personnage car, en plus de l'écriture du scénario et de l'interprètation du personnage, il assure la réalisation.
Un troisième film plus faible, un quatrième propagandiste, un cinquième qu'il vaut mieux oublier... et un sixième qui rejoint la qualité du premier et boucle la saga de ce boxeur.

Rocky, âgé de 60 ans, a perdu son épouse, son entraîneur, son ami Apollo Creed (Carl Weathers) et n'entretient que des relations maladroites avec son fil. Seul lui reste son beau-frère Paulie (Burt Young) et un restaurant dans lequel il régale les clients de ses souvenirs de match.

Il engage une jeune femme de son quartier qu'il a connue enfant (elle l'envoyait se faire f... dans le premier film). C'est une véritable relation platonnique qui s'engage avec celle-ci, seul lien vivant de Rocky avec son passé de minable dans le milieu de Philadelphie.

Le champion du monde en titre, ne trouvant aucun adversaire de poids, lance un défi à Rocky.

Nous assistons alors à une véritable remise en question de ce personnage vieillissant, luttant d'abord contre ses souvenirs, contre ses connaissances qui tentent de lui faire entendre raison et enfin contre la commission qui refuse de lui octroyer sa license. Le match final rappelle furieusement celui du premier métrage: Rocky reste debout et regagne sa dignité, l'amour de son fils et cesse de vivre dans le passé, seul sur la tombe de son épouse.

Si Stallone réussit avec brio ce dernier come-back de Rocky, c'est essentiellement parce qu'il revient à l'esprit des deux premiers épisodes: si dans les années 70, Rocky voulait simplement se prouver qu'il valait plus que le minable qu'il était et qu'il voulait subvenir largement aux besoins de sa famille, on voit ici un homme, en pleine crise de la soixantaine, qui veut se prouver qu'il n'est pas fini, que la perte d'Adrian ne l'a pas achevé et qu'il peut se relever et également redonner confiance à un fils démuni face à son patron et à un père qu'il ne comprend pas. La boxe ne sert que de prétexte à l'histoire, au contraire des épisodes 3, 4 et 5.
L'épouse aimante, perdue, est remplacée par la jeune femme, enfant dans le premier opus, qui encouragera le boxeur à faire ce qu'il doit faire.

Véritable déclaration d'amour à un personnage, mais également à la vie en général, Stallone livre un film vrai, optimiste sans être exagéré, et prouve une nouvelle fois qu'il est bien autre chose qu'un acteur tout en muscle.

Un film humain, tout simplement.

jeudi 17 janvier 2008

Grindhouse

Les sorties en salle de "Death Proof" et "Plantet Terror" sont à présent loin derrière nous, mais la sortie du premier en DVD et l'attente de second donnent l'occasion de se poser de légitimes questions quant au principe "grindhouse" façon Tarantino-Rodriguez.
Ce mouvement cinématographique, majoritairement américain et estempillé 60's et 70's, consistait à projeter lors d'une même soirée deux films réalisés pour quelques dollars et séparés par de nombreuses bandes annonces de séries Z. Ces films copiaient largement et honteusement les films à succès et abordaient tous les genres, avec une sincère préférence pour le gore, le sexe, la SF. Beaucoup de réalisateurs aujourd'hui mondialement connus se sont essayés à ce principe en début de carrière.
La société Troma, héritière de ce cinéma déjanté, fait encore vivre ce principe de la débrouille, d'un budget inexistant et de délais très serrés. De nouveau, cette société a formé à la dure certains réalisateurs des plus connus (notamment Peter Jackson).

Revenons à ces deux films "grindhouse" réalisés respectivement par Tarantino et Rodriguez:

Le premier, "Death Proof", nous narre l'histoire de trois jeunes filles pourchassées par un tueur en série (incarné avec brio par Kurt Russel), cascadeur provoquant volontairement des accidents mortels avec sa bagnole. Toutes les particularités de grindhouse sont présentes: erreur de raccord, image désastreuse, acteurs en roues libres, dialogues interminables compensant la pauvreté du scénario,...

Le second, "Planet Terror", met en scène une classique épidémie zombiesque virant au carnage. Mêmes caractéristiques techniques que le métrage de Tarantino.

Si l'on juge la qualité des deux oeuvres, le segment de Rodriguez, nerveux et extrêment inventif, enterre sans problème celui de Tarantino.

Mais c'est surtout sur le principe même de cette culture cinématographique que l'on peut se poser des questions: le public européen n'a pas eu droit à un sortie simultanée des deux films projetés avec 4 fausses bandes annonces tournées pour l'occasion (notamment par Rob Zombie, Eli Roth et Edgar Wrigth; jugez du peu!), détruisant ainsi le principe même de ce qui aurait pu être sune soirée jouissive pour tout amateur de film Z.
Seule la bande annonce de "Machette" (avec Danny Trejo dans le rôle titre) a été diffusée avant Planet Terror.

La sortie européenne en dvd ne prévoit pas un coffret renfermant les précieuses bandes annonces et autres bonus.

Four monumental aux USA et en Europe (votre humble serviteur est allé à la projection des 2 films dès leur sortie dans un grand complexe: 12 personnes pour death proof et 8 pour Planet Terror dans les salles!), on peut aussi se poser la question de la légitimité de l'emploi de véritables stars (Kurt Russel, Bruce Willis, ...) et surtout, d'un budget qui, pour chaque film, multipliait par 100 000 le budget d'un véritable Grinhouse.

Faire un film de qualité merdique (image, son) joué par des acteurs professionnels et "bancables" qui cabotinnent et pour des budgets de plusieurs millions de dollars? Etrange concept du cinéma indépendant et Z!

Quoiqu'il en soit, je préfère largement conseiller au lecteur de louer les oeuvres en vidéoclub et de prier pour une éventuelle sortie d'un coffret collector comprenant l'intégrale de ce que Tarantino (initiateur de cette idée) avait promis; il est redevable aux fans!

dimanche 13 janvier 2008

Je suis une légende

Etrennons ce blog par un "bon" gros blockbuster de ce début d'année 2008: Je suis une légende.
Véritable film publicitaire pour Will Smith (qui sauve, par son interpretation de Robert Neville, le film du naufrage le plus complet), seule la première 1/2 heure peur faire croire aux familiers du roman de Richard Matheson qu'ils auront enfin droit à une véritable transcription à l'écran d'un des romans de SF américains les plus pessimistes du XXème siècle.

Malheureusement, la chute n'en est que plus rude: l'Amérique étant absolument allergique à une fin pessimiste (et logique!), nous avons une fois de plus droit au héros solitaire qui, par son sacrifice, sauve les survivants américains menacés par des hordes de créatures anthropophages.

Remomérons-nous le roman: Robert Neville, seul survivant d'une épidémie ayant transformé l'ensemble de l'humanité en vampires, tente de survivre dans cet univers dans lequel il est devenu une exception. Dans une première partie angoissante, Matheson nous décrit le quotidien d'un alcoolique, devant subir chaque nuit les attaques répétées des vampires qu'il tente d'exterminer le jour. Il trouvera son salut lors de la rencontre avec un chien, celui-ci lui donnant une raison de vivre et modifiant ses habitudes éthiliques. Le chien disparu, Neville tente de découvrir les causes de l'épidémie et un improbable remède. Ces recherches seront interrompues par l'arrivée d'une femme: Ruth. Ne se sentant enfin plus seul, il reprend espoir alors que cette femme représente sa perte définitive: elle n'est autre qu'une nouvelle évolution de l'espèce, un vampire résistant aux rayons du soleil. Une fois capturé, Neville se suicidera, avec l'aide de Ruth, entrant ainsi dans la légende comme étant le dernier de son espèce.

L'histoire de Matheson est à nouveau honteusement modifiée (cf. les versions cinématographiques avec Vincent Price (pas mal) et Charlton Heston (aaarg!)): les vampires s'organisant en société sont remplacés par d'horribles images de synthèses représentant des créatures brutales et stupides (Le look de celles-ci flirtant allègrement avec "Le Seigneur des anneaux"); Neville, athée, se sacrifiera "au nom de Dieu" et laissera ainsi une survivante (envoyée par Dieu, selon elle) et un gamin amener le serum à une communauté humaine survivante dans les montagnes.

Autant dire qu'une fois de plus, les fans de Matheson et de SF adulte en seront pour leurs frais!

House of 1000 corpses / Devil's rejects


Rob Zombie, d'abord chanteur "metal" dans le groupe White Zombie, s'est recyclé en 2002 dans le cinéma d'horreur.

Doté d'une expérience de "clipper" (les siens) et d'une solide habitude de gestion d'un spectacle en live (les siens également), il met en chantier son premier métrage, "la maison des 1000 morts".

Véritable déclaration d'amour au cinéma de genre, ce film reflète d'innombrables clins d'oeil au cinéma de genre, depuis l'époque "Hammer" jusqu'aux oeuvres les plus récentes. Monté de façon très énergique (parfois trop; défaut très fréquent dans les premières oeuvres de réalisateurs de clips vidéos), le récit nous montre deux jeunes couples partis sur les traces des lieux les plus bizarres des USA dans l'optique de la création d'un guide. Un tenancier de station service habillé en clown (Sid Haig, impérial!) leur fait découvrir une légende locale, l'existence d'un certain "Dr Satan". Il est à signaler que le plan d'ouverture du film nous montre l'attaque de la station service par deux bouseux qui se feront massacrer à la hache et au flingue par le propriétaire et son assistant.
Les infortunés se retrouvent alors embarqués dans une descente aux enfers alors qu'ils tombent aux mains d'une famille de tarés adeptes du satanisme, famille dirigée par Otis (Bill Moseley, génial) et Baby (Sherry Moon Zombie, géniale également).

Sorti en dvd en Europe avec 2 ans de retard sur le marché américain, le métrage de Rob Zombie était pourtant déjà largement connu et bénéficiait d'une réputation excellente; il est aujourd'hui considéré comme culte, un vrai fin pour les fans réalisé par le plus talentueux d'entre eux.

Le mérite vient aussi de remettre sur le devant de la scène deux acteurs excellents mais sous employés: Sid Haig (THX 1138, Buck Roggers, La galaxie de la terreur, Jackie Brown, Kill Bill 2, ...) et Bill Moseley (Massacre à la tronçonneuse 2, Le blob, The end of innocence, la nuit des morts vivants version Tom Savini, Croc blanc, Evil dead 3, ...). Nous les retrouverons d'ailleurs dans la prochaine sortie dvd de Zombie: Halloween.

Doté d'une BO puissante, le film de zombie est donc un choc à la fois visuel et auditif; une vraie bombe!

Devil's rejects

Si le film, dès sa sortie (avant première européenne au BIFFF), a dérouté pas mal de fans, force est de constater qu'il est largement supérieur au premier.
Reprenant l'histoire à l'exacte fin du précédent, la famille Fireflys est maintenant le gibier du shérif Wydell (Willam Forsythe dans son meilleur rôle), psychopathe affirmé et frère du policier tué dans le premier opus, et doit fuir vers la frontière.
Rob Zombie place donc les tueurs en (anti)héros et les humanise, ne portant aucun jugement sur leurs actes odieux (au spectateur de le faire). Ils deviennent donc attachants en plus d'écoeurants.

Le film, abandonnant l'horreur viscérale du premier pour un road movie version "Natural born killers" puissance 1000, regorge également d'acteurs cultes du cinéma d'horreur, preuve que Zombie plaît non seulement aux fans, mais également aux icônes de la profession. Citons Ken Foree ("Zombie" de Romero), Michael Berrymann '"La colline à des yeux" version 1977), Danny Trejo ("Une nuit en enfer", bande annonce "Machette" de Grondhouse"), ...

La BO, moins "heavy" que celle de "House of...", rappelle le road movie classique, ce qui rend les images, décalées par rapport à la musique, encore plus puissantes. Devil's rejects s'impose comme une des plus grandes oeuvres cinématographiques des 30 dernières années.

Rob Zombie a donc acquis, en deux films seulement, un statut digne d'un "Master of Horror". Il a d'ailleurs été approché pour un épisode de la série, mais n'a pu le tourner, faute de temps (de nombreux refus d'autres réalisateurs expliquent d'ailleur la piètre qualité de la saison deux).