lundi 14 avril 2008

Feast

"Des produteurs exécutifs Wes Craven, Matt Damon, Ben Affleck et Chris Moore"; cette phrase écrite en grand sur l'affiche du film donne déjà froid dans le dos tant le mélange semble improbable:
- l'autoproclamé maître de l'horreur Wes Craven, à qui l'on doit attribuer quelques indéniables réussites ("La dernière maison sur la gauche, Les griffes de la nuit"), mais surtout d'incontestables nanards ("Le sous-sol de la peur, Shocker, Un vampire à Brooklin, Cursed") dont certains ont tout de même acquis un statut culte ("La colline à des yeux" et ...pouah!..."Scream"). Craven producteur a encore récemment prouvé qu'il cultivait surtout son ego en tant que producteur: refus d'un caméo de Michael Berrymann dans le remake de "La colline à des yeux" (il avait volé la vedette à Craven en raison de son jeu et de son physique atypiques) et tirage de gueule à Aja (réalisateur du remake que la presse a qualifié de supérieur à l'original de 77).
- Matt Damon dont les incontestables qualités d'acteur ne compensent pas le doute que l'on peut émettre sur son "amour" du cinéma de genre. Il suffit de voir sa filmographie ("Will Hunting, Le soldat Ryan, Ocean's eleven, Syriana, ..."), très bonne mais aucun métrage d'horreur.
- Ben Affleck qu'il ne faut plus présenter!
- Chris Moore, producteur des American Pie!

On flaire donc juste la machine à pognon, la volonté de surfer sur la vague des navets pseudohorrifiques qui envahissent les salles au détriment des oeuvres sans concession qui sont refusées en salle et deviennent des "direct to DVD", et non la volonté de produire un véritable film d'épouvante.

Le pitch est simple et assez similaire à celui d'"Une nuit en enfer": des pequenots sont coincés dans un bar perdu au milieu du désert et doivent affronter une famille de monstres canibales... révolutionnaire! Romero a eu la même idée en 1968; il serait temps de renouveler le scénario!

Le film, une honnête série B, regorge de bonnes idées (fausses présentations des personnages donnant leur espérance de vie respective et supposée, destruction des conventions quant à qui va survivre ou mourir, ...), mais souffre d'un rythme trop lent. Les scènes gores abondent au début, mais le nombre élevé de victimes dans les 15 premières minutes réduit fortement la tension et le suspense dans la suite du métrage. L'humour et le grand guignol dominent, les scènes d'action sont filmées caméra à l'épaule et en courant, sans doute pour compenser une fois de plus des maquillages baclés.

Les acteurs sont potables, la plupart issus des séries ados à la mode (on voit le public concerné); seul un vieux brisquard du genre est présent à l'affiche: Henri Rollins (leader de Blag Flag et du Rollins Band, groupes phares de la scène harcore punk américaine depuis 25 ans), dans un rôle surprenant au vu de la carrure du bonhomme, qui n'est pas crédité sur le verso du DVD à égal des autres acteurs...sans doute est-il inconnu des 13-17 ans!

En bref, il s'agit d'un agréble film pop corn sur canapé avec les potes, mais aussi d'un film sans grandes surprises, excepté dans le choix des personnages qui survivront. Si le groupe de producteurs exécutifs espère être crédible dans la communauté des geeks, il doit absolument revoir sa copie!

Un film à conseiller et qui plaira surtout aux novices...en espérant qu'ils découvriront autre chose par la suite!