samedi 26 avril 2008

Kingdom Hospital

Un artiste peintre renommé est renversé par un van alors qu'il fait son jogging matinal. Paralysé mais conscient, il voit le chauffard prendre la fuite et le laisser seul le long de la route, perdue au milieu des forêts du Maine. Un fourmilier, nommé Antubis, vient lui parler et lui annonce que pour chaque service qu'il lui rendra, il devra en rendre un autre. Arrive un chauffeur poid lourd qui appelle une ambulance. Le blessé est conduit au Kingdom Hospital, bâti sur le site d'une ancienne usine détruite par un incendie qui enleva la vie à une centaine d'enfants. Très vite, le blessé aura la vision d'une petite fille munie d'une cloche qui lui demandera son aide...

Cette série en 15 épisodes (le 1 et le 13 sont des doubles), écrite en grande partie par Lars Von Trier, Stephen King et Tabitha King, nous plonge dans l'univers d'un hôpital hanté par des esprits bienveillants et malveillants. Nous y suivons un grand nombre de personnages évoluant dans l'hôpital (une médium, son fils infirmier, les différents médecins, plusieurs malades) qui, chacun à leur manière, s'uniront ou se désuniront afin d'éviter(ou de provoquer) le destin funeste qui attend l'hôpital: la destruction par un tremblement de terre provoqué par les esprits revenchards des enfants morts dans l'incendie 70 ans plus tôt.

D'emblée, il convient de signaler que, contrairement à l'annonce du boîtier DVD, ce n'est pas une série d'horreur, mais une espèce d'"Urgences" mélangée à du thriller et du fantastique.

Souvent autobiographique pour Stephen King (l'artiste renversé sur la route, le gardien condamné à plus ou moins long terme à être aveugle, ...), la série mélange habilement plusieurs intrigues qui ne trouveront leur conclusion que dans le tout dernier épisode; impossible de deviner tous les tenants et aboutissants avant la conclusion, ce qui est assez rare que pour être signalé. Les intrigues sont tour à tour réalistes (enquête sur une erreur médicale, confrérie secrète de médecins, recherches sur le sommeil) puis fantastiques (la recherche de la vérité par la médium, les rêves dans l'Entre-mondes", les fantômes, ...), chacune apportant des éléments qui se croiseront. Aucune des intrigues n'est secondaire, toutes sont indispensables au récit.

Le casting, ou apparaissent parfois des visages connus du cinéma, est excellent et chaque personnage est suffisamment développé pour que l'on s'y intéresse. Stephen King fait sa petite apparition habituelle dans l'un des épisodes.

Seul bémol: King ne peut décidément plus s'empêcher de raconter une histoire sans y mettre une bonne dose de christiannisme (l'épisode 11!), devenant parfois incohérent avec lui-même: les croyants sont représentés ici comme les seuls capables de sauver l'hôpital; "The Mist" (actuellement au cinéma ) dénonce les fanatiques chrétiens, représentés comme bien plus dangereux que les créatures anthropophages se trouvant dans la brume. Heureusement, seul le 11ème épisode tourne à la n'importe quoi; les derniers ne font que rarement allusion à l'intervention divine telle que nous la concevons, ce sont surtout les religions polythéistes qui sont alors mises en avant.

Malgré le couac cité plus haut, il serait dommage de se priver d'une série qui est sans doute, malgré le manque réel d'horreur attendu par les amateurs de King, l'une des plus intrigantes et attachantes de ces dernières années. Un excellent divertissement.

mercredi 23 avril 2008

Fanatique

Un groupe d'étudiants part sur une île de 6000 hectares, propriété d'un couple de cinéphiles, afin d'y étudier la faune pour améliorer leurs résultats scolaires. Le groupe est composé d'un bellâtre cinéphile, d'une "intello", d'une punk lesbienne, d'un asiatique homosexuel, d'un sportif surdéveloppé jusqu'au front, d'une nymphomane latino et d'un black fumeur de joints et fan de hip-hop. Ce petit groupe va allègrement être massacré par le couple propriétaire de l'île dont le passe-temps favori est de filmer des meurtres en remettant en scènes les crimes "cultes" de l'histoire du cinéma.

Pourquoi parler de ce qui ressemble à n'importe quel slasher des années 80 et 90? Justement parce que le film est volontairement cliché et référentiel, ce qui donne une lecture tout à fait ludique du métrage pour tout fan de cinéma bis digne de ce nom; ce n'est pas pour rien que le magazine Mad Movies (pourtant très critique des slashers sans surprises qui pullulent sur nos écrans) proposait ce film avec son édition du mois de mars 2008.

Si certaines images et répliques renvoient à des films connu du grand public ("Orca, Shinning, Massacre à la tronçonneuse, Ring, Psychose, ..."), d'autres sont plus subtiles (Le prof s'appelle Argento, affiches de "Mondo Cane" dans la maison, La maîtresse des lieux se nomme Mary Shelley, ...) et certaines réservées aux geeks absolus ("Killer Klowns from Other space", ...). N'ayant vu le film qu'une seule fois, je n'ai évidemment pas encore eu le temps de dresser une liste exhaustive des références, mais je ne mepriverai certainement pas de ce plaisir dès que l'occasion se présentera.

Les acteurs sont volontairement caricaturaux et branques; le film n'est pas destiné à faire peur, mais à mettre le fan devant une parodie plus respectueuse du matériau d'origine, au contraire des pitoyables soupes grand public à la "Scary Movies". Les sois-disant cinéphiles étudiants ne connaissent que les films d'horreur des 20 dernières années, exception faite des deux personnages principaux qui ne sont néanmoins capables de citer que des classiques reconnus (Boris Karloff, Bela Lugosi, Tod Browning, ...). Leur manque de connaissance des classiques "underground" sera d'ailleurs leur faiblesse: ils ne comprendront jamais ma logique des meurtriers et accumulent les erreurs ("On se divise en groupes, je vais faire pipi tout seul dans la forêt la nuit, je fume un gros pétard, ..."). Je le répète: aucune surprise au niveau des meurtres; mais comment vont-ils se dérouler?
Le scénario est néanmoins bien foutu car notre certitude sur l'identité du / des tueur(s) va en prendre un coup dans le dernier quart d'heure, en nous envoyant pourtant un gros cliché dans la gueule, admirablement bien placé dans l'intrigue.

Côté casting, on retrouve Juliet Landau (fille de Martin Landau, oscarisé dans "Ed Wood" de Burton pour son interprètation de Bela Lugosi), William Forsythe ("Devil's rejects") et Burt Young ( l'innoubliable beau-frère de Rocky Balboa).

Une bonne surprise dans le monde aseptisé du slasher contemporain.