samedi 26 janvier 2008

Vacuum Killer

Film 100% pur belge réalisé par Chris LAmot, alias Doctor Chris, qui y joue Chris, un assistant de laboratoire dégoûté par le renvoi de sa mère, technicienne de surface dans une maison de disques. Celle-ci se suicide de désespoir; son mari (Jacques Verbist), alcoolo chômeur accro aux jaux télévisés, ne trouve rien de mieux à faire que de se marrer. Chris bascule alors dans la violence en fracassant le crâne de son père et trouve refuge chez Jim l'Alien (Hervé Joway, également responsable de la BO), son dealer.
Un accident de laboratoire aggrave encore la folie de Chris qui se greffe un aspirateur à l'avant bras et décide de nettoyer la société de la pourriture qui l'exploite. Commence alors une longue série de meurtres.

Que dire de ce pur délire à la belge? C'est un joyeux foutoir organisé qui ne se prend jamais au sérieux, délivrant néanmoins un message social d'une manière peu commune. Sélectionné pour le BIFFF, le film est présenté au marché de Cannes par son réalisateur et le voici enfin disponible en DVD.

Malgré quelques défauts imputables au budget serré (et autoproduit), on ne peut qu'appauldir ce métrage qui rappelle la bonne époque Troma (et le revendique clairement), présentant des acteurs qui se sont manifestement bien marrés sur le tournage. Les téléphages reconnaîtront d'ailleurs peut-être Aldo Palucci (qui joue le facteur) qui fit la une d'un reportage de Streap Tease sur la Une.

Pour résumer, tout amateur de Bis qui se respecte se doit d'encourager et de découvrir cette perle, unique en son genre, véritable déclaration d'amour d'un réalisateur belge face à un cinéma d'horreur de plus en plus aseptisé. Aux dernières nouvelles, Chris s'attaque à son projet de second métrage, "Trasho familio".

Pour plus d'infos, voir le site en lien.

jeudi 24 janvier 2008

Seul contre tous

L'éditeur "Studiocanal" a eu l'intelligence de proposer le dvd accompagné du court métrage "Carne" qui met en scène tous ce qui résumé au début du long: un boucher orphelin (Philippe Nahon, brillant) élève seul sa fille autiste. Il la croit violée par un ouvrier et s'empresse de se rendre sur le chantier où il défigure un innocent. Pour abaisser sa peine de prison, il vend boucherie et appartement. Commence alors sa descente aux enfers. Sa fille est placée dans une institution. A la sortie de prison, il trouve un job de "technicien de surface" chez une patronne de bistro, qui devient sa maîtresse et tombe enceinte. Il est lui est interdit de voir sa fille; on le soupçonne de relations incestueuse. Il part refaire sa vie avec la patronne en dehors de Paris. Fin

Le film démarre là ou le court s'arrête. Les promesses de sa maîtresse (lui offrir le bail d'une boucherie) se font attendre. Ils vivent chez sa belle-mère et notre homme supporte de moins en moins sa nouvelle famille. Lors d'une dispute violente, il plaque tout et revient à Paris pour refaire sa vie. Chaque essai se solde par un échec. Résolu d'en finir, il récupère sa fille et décide de la tuer, puis de se suicider. Il renonce au dernier moment et se rend coupable de l'inceste contre lequel il lutte de puis des années. Le film se referme sur un homme heureux, revenu à la vie dans les bras de sa fille qui n'est plus pour lui qu'une femme qu'il aime.

Gaspar Noé apporte une profonde réflexion d'un individu face aux lois et à la morale qui lui sont imposés; le boucher tente de s'intégrer dans la société mais la voix off de Nahon révèle la vérité: il est asocial et a une profonde haine envers les autres qui ne demande qu'à faire surface. Des messages s'adressant directement au spectateur ponctuent le film ("Etes-vous à l'abris d'un dérapage?", "Vous pouvez tout perdre en une seconde", ...), lui rappelant que l'animal qu'ils voient évoluer dans cette fiction n'est qu'un reflet de n'importe quel être humain.
Le boucher est poussé à bout et en veut au monde entier. Des pulsions violentes lui traversent l'esprit: homicide, torture, sévice sexuel, infanticide (concrétisé lors du passage à tabac de sa maîtresse enceinte), inceste, xénophobie, tendance suicidaire, paranoïa profonde, ... Durant l'entièreté du film, on se croit dans une oeuvre d'anticipation, tant l'atmosphère est étouffante et rappelle une dictature d'extrême droite; nous ne sommes pourtant qu'en France, de nos jours.
L'homme ne trouve son salut et sa sortie des enfers que dans un acte considéré comme l'un des plus grave dans notre société: l'inceste. Il décidé d'aimer sa fille comme une femme et envoie ainsi balader une société qui lui impose son point de vue.

On peut discuter longtemps du pour et du contre du message, mais ce film ne laisse pas indifférent et remet en question l'idée même de la société: vivons-nous en société ou n'est-ce qu'une apparence? Chacun vit-il pour soi et n'entretient-il des contacts humains que par intérêt, peur d'être jugé ou peur de laisser éclater sa vraie nature? Qu'adviendra-t-il de nos amis, de nos familles, si nous avons le toupet de déraper à un moment? Y aura-t-il une main secourable ou nous laissera-t-on crever dans le caniveau?

Noé pose un film de société dérangeant mais à mon sens brillant et indispensable. Philippe Nahon, qui vit son personnage, donne à la vision de Noé une vérité crue que l'on avait plus vue depuis longtemps dans le petit monde du septième art.

mercredi 23 janvier 2008

Rocky Balboa

Sylvester Stallone a récemment déclaré qu'il n'avait pas oublié devoir une grande partie de sa popularité grâce à ce "petit boxeur de Philadelphie". Il voulait donc lui rendre un dernier hommage en lui faisant quitter le monde du ring et du septième art par la grande porte.

Rocky, 10 fois nominé aux oscars en 1976, lança la carrière de Stallone (ainsi que Rambo, mais ce métrage n'est pas personnel).
Le deuxième opus voit Stallone prendre totalement la destinée de son personnage car, en plus de l'écriture du scénario et de l'interprètation du personnage, il assure la réalisation.
Un troisième film plus faible, un quatrième propagandiste, un cinquième qu'il vaut mieux oublier... et un sixième qui rejoint la qualité du premier et boucle la saga de ce boxeur.

Rocky, âgé de 60 ans, a perdu son épouse, son entraîneur, son ami Apollo Creed (Carl Weathers) et n'entretient que des relations maladroites avec son fil. Seul lui reste son beau-frère Paulie (Burt Young) et un restaurant dans lequel il régale les clients de ses souvenirs de match.

Il engage une jeune femme de son quartier qu'il a connue enfant (elle l'envoyait se faire f... dans le premier film). C'est une véritable relation platonnique qui s'engage avec celle-ci, seul lien vivant de Rocky avec son passé de minable dans le milieu de Philadelphie.

Le champion du monde en titre, ne trouvant aucun adversaire de poids, lance un défi à Rocky.

Nous assistons alors à une véritable remise en question de ce personnage vieillissant, luttant d'abord contre ses souvenirs, contre ses connaissances qui tentent de lui faire entendre raison et enfin contre la commission qui refuse de lui octroyer sa license. Le match final rappelle furieusement celui du premier métrage: Rocky reste debout et regagne sa dignité, l'amour de son fils et cesse de vivre dans le passé, seul sur la tombe de son épouse.

Si Stallone réussit avec brio ce dernier come-back de Rocky, c'est essentiellement parce qu'il revient à l'esprit des deux premiers épisodes: si dans les années 70, Rocky voulait simplement se prouver qu'il valait plus que le minable qu'il était et qu'il voulait subvenir largement aux besoins de sa famille, on voit ici un homme, en pleine crise de la soixantaine, qui veut se prouver qu'il n'est pas fini, que la perte d'Adrian ne l'a pas achevé et qu'il peut se relever et également redonner confiance à un fils démuni face à son patron et à un père qu'il ne comprend pas. La boxe ne sert que de prétexte à l'histoire, au contraire des épisodes 3, 4 et 5.
L'épouse aimante, perdue, est remplacée par la jeune femme, enfant dans le premier opus, qui encouragera le boxeur à faire ce qu'il doit faire.

Véritable déclaration d'amour à un personnage, mais également à la vie en général, Stallone livre un film vrai, optimiste sans être exagéré, et prouve une nouvelle fois qu'il est bien autre chose qu'un acteur tout en muscle.

Un film humain, tout simplement.