mercredi 4 juin 2008

3:10 to Yuma

Daniel Evans (Christian Bale) , fermier de son état et unijambiste depuis la guerre de Sécession, est criblé de dettes et va perdre son ranch dans la semaine. Afin de réunir les 200 dollars nécessaires pour sauver son bien, il accepte d'escorter un dangereux criminel, Ben Wade (Russel Crowe), jusqu' à la gare de Contention où il embarquera dans le train de 3 heures 10 pour Yuma... Mais la route est extrêmement longue jusqu'à la gare et la bande de Wade fera tout pour libérer son chef.

Le western est un genre extrêmement casse-gueule, tant il semble démodé et caricatural aujourd'hui. Mais ce remake du film de Delmer Daves sorti en 1957 est réalisé par James Mangold, papa de "Copland" et de "Walk the line"... autant dire que le projet était en de bonnes mains.

Signalons-le tout de suite: il s'agit, à mon sens, du meilleur western tourné depuis le fabuleux "Impitoyable" de Clint Eastwood en 1994.

Christian Bale ("Equilibrium, American psycho, Batman, Le règne du feu, ...") est tout simplement incroyable de réalisme en fermier au passé trouble, voulant à tout prix sauver les siens et regagner l'estime de son fils aîné de 14 ans même si cela doit lui coûter la vie. A aucun moment il n'est écrasé par l'interprétation excellente de l'oscarisé Russel Crowe ("Revelations, Un homme d'exception, Gladiator, American gangster, ...") qui signe pourtant ici une de ses meilleures performances d'acteur.
Les deux comédiens sont bluffants et n'ont rien à envier aux stars du western, que se soit de John Waine, Lee Marvin, Charles Bronson, Peter Fonda (qui signe ici une apparition de 10 minutes) jusqu'à Clint Eastwood et Kevin Costner.

Tout ce qui fait l'esprit du western se retrouve dans ce film: de magnifiques paysages, des fusillades et attaques de diligences menées tambour battant, des amitiés puissantes qui finissent en trahison, des tenancières de saloon jolies et pas farouches, une population prête aux pires exactions pour gagner de quoi leur faire oublier quelques temps leur misère et leur ratage du rêve américain, une vision parfois très étrange du concept de la loi et de la justice de la part des shériffs et autres chasseurs de primes employés par les "forces de l'ordre".

On peut regretter une intrusion fort courte des apaches lors du passage sur le territoire de Ben Wade et son "escorte". De plus, si ma mémoire est bonne, une attaque de nuit par les Apaches est fort douteuse: les Apaches ne tuent pas la nuit, leur culture les portant à croire que les esprits des hommes tués après le coucher du soleil les hanteront jusqu'à la fin de leur jour.

Mis à part la frustration de ne pas avoir pu assister à un véritable affrontement entre cowboys et indiens, on ne peut être que fasciné par cette impressionnante étude de personnages, abordant des thèmes aussi variés que l'acceptation de soi et de son passé, la rémission des pêchés et le dur passage de l'adolescence à l'âge adulte. Espérons que Christian Bale aura enfin prouvé, face à Russel Crowe, qu'il était capable de donner la réplique aux tout grands du monde du septième art et qu'il trouvera bien plus de rôles à sa (dé)mesure.

Un régal!