jeudi 17 janvier 2008

Grindhouse

Les sorties en salle de "Death Proof" et "Plantet Terror" sont à présent loin derrière nous, mais la sortie du premier en DVD et l'attente de second donnent l'occasion de se poser de légitimes questions quant au principe "grindhouse" façon Tarantino-Rodriguez.
Ce mouvement cinématographique, majoritairement américain et estempillé 60's et 70's, consistait à projeter lors d'une même soirée deux films réalisés pour quelques dollars et séparés par de nombreuses bandes annonces de séries Z. Ces films copiaient largement et honteusement les films à succès et abordaient tous les genres, avec une sincère préférence pour le gore, le sexe, la SF. Beaucoup de réalisateurs aujourd'hui mondialement connus se sont essayés à ce principe en début de carrière.
La société Troma, héritière de ce cinéma déjanté, fait encore vivre ce principe de la débrouille, d'un budget inexistant et de délais très serrés. De nouveau, cette société a formé à la dure certains réalisateurs des plus connus (notamment Peter Jackson).

Revenons à ces deux films "grindhouse" réalisés respectivement par Tarantino et Rodriguez:

Le premier, "Death Proof", nous narre l'histoire de trois jeunes filles pourchassées par un tueur en série (incarné avec brio par Kurt Russel), cascadeur provoquant volontairement des accidents mortels avec sa bagnole. Toutes les particularités de grindhouse sont présentes: erreur de raccord, image désastreuse, acteurs en roues libres, dialogues interminables compensant la pauvreté du scénario,...

Le second, "Planet Terror", met en scène une classique épidémie zombiesque virant au carnage. Mêmes caractéristiques techniques que le métrage de Tarantino.

Si l'on juge la qualité des deux oeuvres, le segment de Rodriguez, nerveux et extrêment inventif, enterre sans problème celui de Tarantino.

Mais c'est surtout sur le principe même de cette culture cinématographique que l'on peut se poser des questions: le public européen n'a pas eu droit à un sortie simultanée des deux films projetés avec 4 fausses bandes annonces tournées pour l'occasion (notamment par Rob Zombie, Eli Roth et Edgar Wrigth; jugez du peu!), détruisant ainsi le principe même de ce qui aurait pu être sune soirée jouissive pour tout amateur de film Z.
Seule la bande annonce de "Machette" (avec Danny Trejo dans le rôle titre) a été diffusée avant Planet Terror.

La sortie européenne en dvd ne prévoit pas un coffret renfermant les précieuses bandes annonces et autres bonus.

Four monumental aux USA et en Europe (votre humble serviteur est allé à la projection des 2 films dès leur sortie dans un grand complexe: 12 personnes pour death proof et 8 pour Planet Terror dans les salles!), on peut aussi se poser la question de la légitimité de l'emploi de véritables stars (Kurt Russel, Bruce Willis, ...) et surtout, d'un budget qui, pour chaque film, multipliait par 100 000 le budget d'un véritable Grinhouse.

Faire un film de qualité merdique (image, son) joué par des acteurs professionnels et "bancables" qui cabotinnent et pour des budgets de plusieurs millions de dollars? Etrange concept du cinéma indépendant et Z!

Quoiqu'il en soit, je préfère largement conseiller au lecteur de louer les oeuvres en vidéoclub et de prier pour une éventuelle sortie d'un coffret collector comprenant l'intégrale de ce que Tarantino (initiateur de cette idée) avait promis; il est redevable aux fans!

dimanche 13 janvier 2008

Je suis une légende

Etrennons ce blog par un "bon" gros blockbuster de ce début d'année 2008: Je suis une légende.
Véritable film publicitaire pour Will Smith (qui sauve, par son interpretation de Robert Neville, le film du naufrage le plus complet), seule la première 1/2 heure peur faire croire aux familiers du roman de Richard Matheson qu'ils auront enfin droit à une véritable transcription à l'écran d'un des romans de SF américains les plus pessimistes du XXème siècle.

Malheureusement, la chute n'en est que plus rude: l'Amérique étant absolument allergique à une fin pessimiste (et logique!), nous avons une fois de plus droit au héros solitaire qui, par son sacrifice, sauve les survivants américains menacés par des hordes de créatures anthropophages.

Remomérons-nous le roman: Robert Neville, seul survivant d'une épidémie ayant transformé l'ensemble de l'humanité en vampires, tente de survivre dans cet univers dans lequel il est devenu une exception. Dans une première partie angoissante, Matheson nous décrit le quotidien d'un alcoolique, devant subir chaque nuit les attaques répétées des vampires qu'il tente d'exterminer le jour. Il trouvera son salut lors de la rencontre avec un chien, celui-ci lui donnant une raison de vivre et modifiant ses habitudes éthiliques. Le chien disparu, Neville tente de découvrir les causes de l'épidémie et un improbable remède. Ces recherches seront interrompues par l'arrivée d'une femme: Ruth. Ne se sentant enfin plus seul, il reprend espoir alors que cette femme représente sa perte définitive: elle n'est autre qu'une nouvelle évolution de l'espèce, un vampire résistant aux rayons du soleil. Une fois capturé, Neville se suicidera, avec l'aide de Ruth, entrant ainsi dans la légende comme étant le dernier de son espèce.

L'histoire de Matheson est à nouveau honteusement modifiée (cf. les versions cinématographiques avec Vincent Price (pas mal) et Charlton Heston (aaarg!)): les vampires s'organisant en société sont remplacés par d'horribles images de synthèses représentant des créatures brutales et stupides (Le look de celles-ci flirtant allègrement avec "Le Seigneur des anneaux"); Neville, athée, se sacrifiera "au nom de Dieu" et laissera ainsi une survivante (envoyée par Dieu, selon elle) et un gamin amener le serum à une communauté humaine survivante dans les montagnes.

Autant dire qu'une fois de plus, les fans de Matheson et de SF adulte en seront pour leurs frais!

House of 1000 corpses / Devil's rejects


Rob Zombie, d'abord chanteur "metal" dans le groupe White Zombie, s'est recyclé en 2002 dans le cinéma d'horreur.

Doté d'une expérience de "clipper" (les siens) et d'une solide habitude de gestion d'un spectacle en live (les siens également), il met en chantier son premier métrage, "la maison des 1000 morts".

Véritable déclaration d'amour au cinéma de genre, ce film reflète d'innombrables clins d'oeil au cinéma de genre, depuis l'époque "Hammer" jusqu'aux oeuvres les plus récentes. Monté de façon très énergique (parfois trop; défaut très fréquent dans les premières oeuvres de réalisateurs de clips vidéos), le récit nous montre deux jeunes couples partis sur les traces des lieux les plus bizarres des USA dans l'optique de la création d'un guide. Un tenancier de station service habillé en clown (Sid Haig, impérial!) leur fait découvrir une légende locale, l'existence d'un certain "Dr Satan". Il est à signaler que le plan d'ouverture du film nous montre l'attaque de la station service par deux bouseux qui se feront massacrer à la hache et au flingue par le propriétaire et son assistant.
Les infortunés se retrouvent alors embarqués dans une descente aux enfers alors qu'ils tombent aux mains d'une famille de tarés adeptes du satanisme, famille dirigée par Otis (Bill Moseley, génial) et Baby (Sherry Moon Zombie, géniale également).

Sorti en dvd en Europe avec 2 ans de retard sur le marché américain, le métrage de Rob Zombie était pourtant déjà largement connu et bénéficiait d'une réputation excellente; il est aujourd'hui considéré comme culte, un vrai fin pour les fans réalisé par le plus talentueux d'entre eux.

Le mérite vient aussi de remettre sur le devant de la scène deux acteurs excellents mais sous employés: Sid Haig (THX 1138, Buck Roggers, La galaxie de la terreur, Jackie Brown, Kill Bill 2, ...) et Bill Moseley (Massacre à la tronçonneuse 2, Le blob, The end of innocence, la nuit des morts vivants version Tom Savini, Croc blanc, Evil dead 3, ...). Nous les retrouverons d'ailleurs dans la prochaine sortie dvd de Zombie: Halloween.

Doté d'une BO puissante, le film de zombie est donc un choc à la fois visuel et auditif; une vraie bombe!

Devil's rejects

Si le film, dès sa sortie (avant première européenne au BIFFF), a dérouté pas mal de fans, force est de constater qu'il est largement supérieur au premier.
Reprenant l'histoire à l'exacte fin du précédent, la famille Fireflys est maintenant le gibier du shérif Wydell (Willam Forsythe dans son meilleur rôle), psychopathe affirmé et frère du policier tué dans le premier opus, et doit fuir vers la frontière.
Rob Zombie place donc les tueurs en (anti)héros et les humanise, ne portant aucun jugement sur leurs actes odieux (au spectateur de le faire). Ils deviennent donc attachants en plus d'écoeurants.

Le film, abandonnant l'horreur viscérale du premier pour un road movie version "Natural born killers" puissance 1000, regorge également d'acteurs cultes du cinéma d'horreur, preuve que Zombie plaît non seulement aux fans, mais également aux icônes de la profession. Citons Ken Foree ("Zombie" de Romero), Michael Berrymann '"La colline à des yeux" version 1977), Danny Trejo ("Une nuit en enfer", bande annonce "Machette" de Grondhouse"), ...

La BO, moins "heavy" que celle de "House of...", rappelle le road movie classique, ce qui rend les images, décalées par rapport à la musique, encore plus puissantes. Devil's rejects s'impose comme une des plus grandes oeuvres cinématographiques des 30 dernières années.

Rob Zombie a donc acquis, en deux films seulement, un statut digne d'un "Master of Horror". Il a d'ailleurs été approché pour un épisode de la série, mais n'a pu le tourner, faute de temps (de nombreux refus d'autres réalisateurs expliquent d'ailleur la piètre qualité de la saison deux).