vendredi 20 juin 2008

Halloween

Il est toujours délicat de s'attaquer aux origines d'un personnage mythique du film d'horreur; les récents "Massacre à la tronçonneuse: au commencement" et autres "L'exorciste, au commencement" nous le prouvent malheureusement. Aussi, quand les studios ont annoncé, il y a déjà quelques années, un film relatant la jeunesse de Michael Myers, le tueur d'Halloween imaginé par John Carpenter et Debra Hill dans les années 70, les fans de base avaient de quoi s'inquiéter.
C'était sans compter un réalisateur qui a entretemps connu un succès critique et public en seulement deux films et à qui les studios confient le projet: Rob Zombie.

Le réalisateur, au lieu de bacler son projet et de donner une raison bateau sur l'origine du mal (enfant maltraité, jeté à la poubelle, ...), décide de diviser son métrage en deux parties: une totalement inventée (et absolument fabuleuse) contant la jeunesse et le traitement en asile de Michael, et une autre (moins bonne mais néanmoins très ingénieuse) reprenant la totalité du film de Carpenter, avec des variantes parfois très importantes donnant à Myers un caractère bien plus violent et inquiétant.

La jeunesse de Michael n'est certes pas rose, mais entre un beau-père alcoolique aux penchants pédophiles (incarné par le fabuleux William Forsythe, qui jouait déjà le shériff dans "Devil's rejects" de Rob Zombie) et une soeur nymphomane, il reçoit un amour inconditionnel de sa mère (Sherry-Moon Zombie, émouvante) et adore sa petite soeur d'un an , Laurie. Il est harcelé par un gamin de son école, une petite frappe qui emmerde l'ensemble du bahut.
Myers (campé par Daeg Faerch, un jeune acteur à suivre de près) suit un véritable parcours initiatique dans sa folie meurtière, déclenchée par son beau-père et sa soeur. Il commence par tuer des animaux, ensuite un camarade de classe et enfin son beau-père, sa grande soeur et son petit ami. Il laissera la vie sauve à sa petite soeur, partie innocente de lui-même qu'il recherchera par la suite, et à sa mère, absente de la maison. Il ne peut tuer que masqué, comme si cet artifice lui enlevait toute humanité.

Il est pris en charge par le docteur Loomis (Malcolm Mc Dowell, criant de vérité) et un gardien (Danny Trejo, génial dans un rôle à contre courant de ce qu'il fait d'habitude) lui servira durant 15 ans de figure paternelle. Le traitement échoue, Michael tue une infirmière à coups de fourchette, hurle sur sa mère qu'il tente d'assassiner et s'enferme ensuite dans le mutisme le plus total. Il ne parlera plus jamais et se contentera de fabriquer des masques qu'il n'enlèvera plus jamais. Le choix de Malcolm Mc Dowell dans le rôle du psychiatre n'est certainement pas innocent: son personnage échoue dans sa thérapie et fait de Michael l'incarnation même du mal; on se souviendra de Mc Dowell dans "Orange mécanique", lui aussi encore plus fou à sa sortie d'asile qu'à son entrée. Zombie s'est contenté d'inverser les rôles...

Lors de son évasion, Michael, âgé de 25 ans (incarné par Tyler Mane, acteur au physique impressionnant et vu dans le rôle de Dents de Sabre dans "X-men"), fait un véritable carnage. Le meurtre le plus violent est celui du personnage de Danny Trejo, figure amicale de Michael, seul gardien le traitant en être humain. Le pont de non-retour est atteint; Myers ne croit plus en la bonté humaine et tue de manière sauvage et instinctive.

Le tueur revient dans la maison de son enfance, retrouve son masque (dont on connait enfin l'origine) et son couteau, et part à la recherche de sa soeur Laurie (Scout Taylor-Compton, très crédible). On s'interroge alors sur les motivations de Michael: après de nombreux meurtres, il se retrouve face à sa soeur (qui ignore tout de son passé), lui montre une photo de famille et enlève son masque... Est-ce un dernier appel à l'aide, pour retrouver son humanité? La réaction violente de Laurie réduit à néant ce dernier sursaut et Michael n'aura désormais comme unique but que le meurtre de sa soeur.

Je ne vais pas révéler ici l'ensemble des thèmes évoqués par Zombie, tant ils sont nombreux, ni commenter les grandes différences entre le film de Carpenter et celui-ci; je laisse la surprise au spectateur potentiel. Je parlerai encore du casting très complet et référentiel du film qui est complété, en plus des comédiens déjà cités, par: Bill Moseley ("House of 1000 corpses, Devil's rejects"), Sid Haig ("Kill Bill, House of..., Devil's..."), Ken Foree ("Zombie, Devil's Rejects"), Dee Wallace ("Rencontre du 3ème type"), Brad Dourif ("Vol au-dessus d'un nid de coucou, le Seigneur des Anneaux", la série "Deadwood", la voix de "Chucky"),... Rob Zombie s'entoure vraiment de plus en plus d'une famille d'acteurs, à l'instar de réalisateurs comme Tim Burton, Takeshi Kitano et Guillermo Del Toro.

"Halloween, le mal à un destin" (horrible titre français), est le premier film de commande de Rob Zombie. Il ne nous reste plus qu'à espérer que le jour où des studios revisiteront des créatures mythiques telles que Freddy, Jason et autres croquemitaines, ils feront appel à Rob Zombie, qui représente une conception sérieuse et respectueuse du cinéma de genre qu'espérait toute une génération de fans frustrés par la vague de films d'horreur tout public des années 90.

Back to the 70's!!!!

Leatherface, massacre à la tronçonneuse III

Je ne vais pas écrire un roman sur ce film qui est une sympathique petite production Z.

Un couple en pleine crise traverse les USA afin de rejoindre la Floride pour tenter de donner une dernière chance à leur relation. En traversant une contrée désertique du Texas, ils vont tomber aux mains d'une famille de dégénérés cannibales.

Rien de bien original dans le scénario de ce film, mais on passe un bon moment de rigolade devant ce film parfois involontairement drôle et bourré de non sens (une héroïne, qui a vu ces deux mains clouées à une chaise, recharge sans peine un fusil à pompe et tire sur tout ce qui bouge, une homme reçoit un coup de couteau dans la jambe et court après comme Ben Johnson, ...).

Pourquoi en parler alors?

Tout simplement pour que le spectateur puisse voir Viggo Mortensen ("Le Seigneur des Anneaux, L'impasse, History of violence, Les promesses de l'ombre, ...) dans le rôle du frère aîné et chef d'une famille d'anthropophages faire face avec un plaisir évident à un des "working actor" les plus cultes du cinéma d'horreur, j'ai nommé Ken Foree.

La trilogie des "Massacres à la tronçonneuse" n'a, mis à part le premier, aucune véritable qualité à signaler, si ce n'est à chaque fois un casting d'acteur talentueux qui ne se prennent à aucun moment au sérieux (le deuxième affichait quand même Dennis Hopper, Bill Moseley et Renée Zelweger).

Les producteurs des nouveaux pourraient prendre exemple car la présence du génial Robert Lee Ermey n'a jamais occulté le côté pénible du scénario et du reste du casting.