mercredi 28 janvier 2009

Wilderness

Un groupe de délinquants multirécidivistes et pariculièrement dangereux est envoyé en stage de survie sur une île déserte propriété du gouvernement anglais après avoir poussé au suicide leur camarade de dortoir Davie. Le groupe est placé sous l’autorité d’un gardien (Sean Pertwee, brillant acteur déjà vu dans « Dog Soldiers ») et est composé de six jeunes délinquants : les deux skinhead Steve (leader ultraviolent et charismatique) et Lewis (montagne de muscles plus bête que méchante obéissant au doigt et à l’œil à Steve), un dealer black, un violeur multirécidiviste latino, le peureux Lindsay (soupçonné d’homosexualité et brimé comme Davie), et un solitaire, Callum, plutôt secret (interprété par Toby Kebbel, présent dans « Match point »).
Cette joyeuse équipe qui se croyait seule va rencontrer un groupe de jeunes délinquantes surveillé par Louise (Alex Reid « The Descent ») ; Lewis va tomber amoureux de Jo, ce qui créera un terrible sentiment de jalousie chez Steve, furieux de voir partir son « outil ». Les deux groupes deviendront la cible d’un ou de plusieurs mystérieux tueurs sadiques accompgnés de quatre chiens d’attaque. Alors que le groupe se décime et se divise (certains meurtres seront perpétrés ou provoqués par les délinquants eux-même), ceux qui désirent s’entraider tentent de comprendre qui les attaque et pourquoi…La vérité sera impitoyable.

Michael J. Basset donne un film dont l’ambiance rappelle fort le « Dog Soldiers » de Neil Marschall et le « Delivrance » de John Boorman. Le point fort est de ne pas tomber dans la facilité caricaturale qui consiste à montrer des pseudo-délinquants de comédie; les groupes d’amis présents du début restent soudés et toute initiative personnelle au sein des dits groupes est perçue comme une trahison que le coupable peut payer de sa vie. Les délinquants présentés ne sont pas des enfants de chœur ; certains sont de vrais psychopates et l’urgence de la situation ne fera que renforcer leur côté destructeur.

Les mises à mort sont très graphiques, mais ne sont pas, comme le laissaient sous entendre certains médias, fortement gore ; ceux qui s’attendent à une profusion d’hémoglobine (Saw II et ses suites pour exemple) risquent d’être fort déçus. Le réalisateur s’intéresse plus à une ambiance globale et à creuser les relations qui unissent ou séparent les différents protagonistes ; il atteint parfaitement son but.

Avec « Wilderness », Basset nous livre un des meilleurs survival de ces dernières années et prouve, comme en témoignent les récents « The descent » ou « Creep », que le cinéma de genre anglais est en pleine forme.

dimanche 25 janvier 2009

Diary of the dead

Une équipe d'étudiants en cinéma à l'université de Pittsburgh (ville natale du réalisateur George A. Romero et lieu d'intrigue de la majorité de ses films) accompagnée de leur professeur un peu alcoolique sur les bords réalise avec des bouts de ficelle un métrage d'horreur mettant en scène la revanche d'une momie au design digne des films de la Hammer.
Alors que les problèmes s'accumulent sur le tournage quasi amateur, la radio annonce que les morts se relèvent et attaquent les vivants. Les personnes mordues par les revenants décèdent peu après et s'ajoutent ensuite au nombre grandissant des zombies. D'abord incrédule puis inquiet, le petit groupe d'étudiants se sépare en deux groupes inégaux: l'acteur jouant la momie, fils de riche et grand lâche, décide de se réfugier dans la maison de ses parents, véritable bunker; il convint une actrice de l'accompagner. Le reste du groupe décide de prendre le mobilehome du tournage et d'accompagner une des protagonistes du film, très inquiète pour sa famille. Dans ce groupe, le réalisteur décide de tout filmer afin de livrer la vérité face aux politiques qui tentent de minimiser l'affaire.
Sur la route, les jeunes gens et leur professeur subissent une première attaque qui, si elle ne les blesse pas physiquement, pousse une étudiante à une tentative de suicide. Notre équipe, qui verra le nombre de ses membres décliner peu à peu, se verra confrontée à de nombreux dangers, dont certains s'avèreront bien plus mortels que les morts vivants.

Réalisé très rapidement après le succès de « Land of the dead » (on se souviendra que Romero a dû attendre dix ans entre chacun de ses films de zombies pour pouvoir les réaliser), « Diary of the dead » est une indiscutable réussite et ramène son réalisateur vers la qualité de son film de 1978, « Dawn of the dead ». Nous pouvons d'autant plus nous réjouir que le précedent opus « Land of the dead », bien que sympathique, était le plus faible de la série des morts vivants initiée en 1968; il est vrai que c'est également le film sur lequel George a eu le moins de liberté artistique, car soutenu par un gros studio avec le plus gros budget dont le réalisateur ai jamais bénéficié (12 milions de dollars, pourtant une misère dans le système hollywoodien).

Romero développe dans ce métrage tout ce qui lui tient à coeur: les classes défavorisées ont une chance de commander (le leader du ghetto noir confiant à l'héroïne que pour une fois, ils possèdent tout et ont une chance de prendre le contrôle de leur destinée), le fait d'avoir de l'argent ne fait aucune différence dans les chances de survie (le gosse de riche sera l'instrument de la perte du groupe), les militaires profitent de leur supériorité en armement pour piller les civils, les médias mentent et manipulent l'information.

Le réalisateur fait de nouveau appel à de quasi inconnus pour les rôles titres, au contraire du précédent opus dans lequel on rencontrait Dennis Hopper et John Leguizamo; tout aussi talentueux que soient les acteurs connus précités, Romero ne trouve une véritable liberté artistique qu'avec des acteurs méconnus. Une différence de marque par rapport aux précédents films: aucun protagoniste noir dans l'équipe de héros. Si un leader noir leur procure à un moment une aide précieuse, seule une femme blanche marque le leadership (Romero est un grand féministe); le rôle de l'afroaméricain est remplacé par le professeur alcoolique et outsider: quasiment inutile dans le monde normal mais retrouvant tout ses réflexes en situation extrême.

Romero pose dans ce film une question posée également dans [Rec]: peut-on tout filmer au nom du droit à l'information? Mais là où le duo espagnol semblait condamner un peu le voyeurisme de certains médias, « Diary of the dead » montre l'importance d'une information objective et indépendante face aux grands groupes de presses manipulés ou infiltrés par la politique.

Un excellent film qui, comme d'habitude, prend le prétexte des zombies pour livrer une analyse acerbe de l'humanité. Comme à chaque fois, le héros placera cette phrase emblématique de l'oeuvre de Romero en parlant des revenants: « Nous, c'est eux et eux, c'est nous ».

Reste à espérer que Romero bénéficiera un jour d'un budget digne de ses visions.

Joyeuses funérailles

Une famille anglaise dispersée aux quatre coins de la planète se réunit en la triste occasion de l'enterrement du patriarche. Comme dans la plupart des familles, c'est l'occasion pour certains de se revoir et de s'avouer secrets, confessions et autres. Il devrait donc, au cours de cette cérémonie, se déclarer une grossesse, se réconcilier deux frères à la vie professionnelle diamétralement opposée (l'un est auteur à succès, l'autre n'ose pas envoyer son manuscrit par peur du refus), etc, etc.
L'ingestion accidentelle d'un acide par l'un des membres de la famille et l'arrivée d'un mystérieux nain durant l'enterrement vont entraîner une série de catastrophes aux cours desquelles les cadavres sortiront des placards.

Frank Oz livre un film particulièrement savoureux dans lequel humour typiquement british alterne avec humour facile et/ou scatologique, ce qui le rend accessible et drôle pour tout public. Servi par un casting brillant, le rythme soutenu ne laisse que peu le temps de reprendre son souffle après un éclat de rire.

Excellent antidépresseur et satire savoureuse de la famille qui, au contraire de ce qui est vanté dans la plupart des films grand public, n'est pas toujours un lieu de compréhension et d'amour. Film hilarant dans lequel chaque spectateur se reconnaîtra sans doute un peu.

Motel

Un couple en perdition suite au décès de leur fils unique traverse les USA en une seconde lune de miel, ultime tentative de sauver ce qui peut encore l'être dans leur ménage. Ne trouvant pas la bonne sortie d'autoroute, l'épouse (jouée par Kate « Underworld » Beckinsale; bof) propose alors de sortir du réseau d'autoroute afin de demander leur chemin au prochain village. La bagnole se met à fumer et un sympathique garagiste opère une réparation de fortune qui leur permettra de tenir jusqu'à la prochaine agglomération. Retombé en panne quelques kilomètres plus loin, en pleine nuit, le couple se décide à passer la nuit dans un Motel qui longe la route et à appeler le garagiste dès le lendemain. Alors qu'ils s'installent dans leur chambre sordide, l'époux (campé par Luke Wilson, qui a joué dans de tellement superbes films que je suis incapable de vous en citer un) visionne les VHS (pour les plus jeunes: sorte de DVD rectangulaire avec une bande dedans et qu'il y avait un film pas en haute définition dessus mais tout pourri avec de la neige) qu'il a trouvées dans le meuble télé; des gens s'y font massacrer dans leur chambre...qui se révèle être la chambre que notre couple de héros occupe!
Ils passeront alors le restant de la nuit à tenter de se débarasser d'hommes masqués qui veulent les tuer, se retrouveront en tant que couple, se pardonneront toutes leurs fautes et seront tout contents de se retrouver en vie le matin... et merde, je viens de vous dévoiler l'intrigue de ce film américain pas prévisible pour un sou!

Le réalisateur Nimrod Antal nous livre en effet un film impeccable au niveau de la forme (photographie correcte, décors bien pensés, acteurs connus et potables, ...) mais sans aucune originalité d'un point de vue scénaristique. Le familier du slasher peut annoncer sans aucune difficulté ce qu'il va se dérouler dans la minute d'après; les « méchants » sont d'une telle maladresse et d'une telle stupidité que l'on peut légitimement se demander, au vu du nombre de snuff movies que le propriétaire a dans sa vidéothèque, comment ils ont pu réussir leur buisness aussi longtemps sans se faire prendre par la police ou sans se faire massacrer par les victimes précédentes.

Le succès était pourtant au rendez-vous car ce premier « Motel » (Mortel » sur la jaquette; jugez de l'originalité de l'accroche) a engendré une suite (logiquement intitulée « Motel 2 » ou « Mortel 2 »; ils ne se foulent vraiment pas) qui, mode des préquelles oblige, nous conte le début de l'entreprise de snuff du propriétaire.

Aurons-nous droit à quelque chose de surprenant, à l'instar de l' « Hostel 2 » d'Eli Roth (bien supérieur au premier), où allons-nous nous demander comment ces imbéciles de gérents ont réussi leur coup? Ou s'ils étaient intelligents, quelle bactérie mystérieuse leur a bousillé le cerveau? Réponse pour 2 euros 50 (en moyenne) dans votre vidéo club de quartier si vous tenez encore à la connaître.

La cité des zombies

Deux gangs, l'un latino et l'autre black, se trouvent au même moment, suite à une confusion dans les heures, dans un hangar pour conclure avec son propriétaire un deal dont on ignore la nature. Une équipe de policiers, au courant du deal, fait irruption dans le susnommé hangar afin d'arrêter tout ce joyeux petit monde. Durant ce temps, à l'extérieur, se rassemblent un groupe de clochards transformés en zombies suite à une chute de météorite. Arrive également dans le lieu du deal un présentateur météo dont l'épouse s'est fait dévorer par les infectés. Commence alors le classique huis-clos à « La nuit des morts vivants »: qui dirige, comment pocéder pour survivre, faut-il sortir ou attendre d'éventuels secours?

Du titre du film de Duane Stinnett, ne retenez que le terme « Cité » et oubliez le groupe nominal « des zombies »; en effet, passés la scène d'introduction et l'un ou l'autre plan extérieur (parfois réussis, en témoigne la mise à mort très graphique de « madame monsieur météo »), l'intrigue s'intéresse intégralement aux relations que vont établir le différents protagonistes retenus dans le hangar et coupés du monde... ce qui aurait pu être, à l'instar du déjà mentionné « La nuit des morts vivants », très intéressant, mais force est de constater que, dans ses tentatives de décrire les laissés pour compte du système américain incapables de passer au-dessus de leurs différences pour s'entraider, Stinnett passe largement à côté de son sujet et accumule clchés et maladresses.

Nous n'aurons droit qu'à un long étalement de scènes de rivalités machistes entre les deux gangs, tandis que le monsieur météo blanc n'est là que pour servir de punching-ball et sortir l'une ou l'autre vanne à deux balles. Les bandes ne feront que se menacer à tour de rôle, ponctuant leur phrase de façon répétitive et exaspérante de « fuck off », « fuck you » et autres « motherfucker ». Lorsque les femmes des bandes tentent de ramener leurs hommes à des préoccupations un peu plus urgentes que leur égo, elles se voient systématiquement clouer le bec par de très poétiques « shut up, you fucking bitch »... Il va sans dire que le scénariste devrait investir dans un dictionnaire des synonymes.

Insupportable métrage se voulant démonstratif de l'attitude gangsta des banlieues américaines, le film accumule les clichés et ne se sauve en partie que par les rôles féminins, bien plus crédible que les soit-disant gangsters, et par une fin ultrapessimiste qui pourrait laisser croire à une possible suite (prions pour que cela nous soit épargné).

Là où quelqu'un comme un réalisateur débutant chez Corman aurait pu nous livrer un film Z maladroit mais sympathique, Stinnett ne nous livre qu'un melting pot cinématographique accumulant les erreurs à ne pas commettre. Un film de zombies en banlieue réalisé par un homme n'ayant sans doute jamais mis les pieds en banlieue.

[Rec]

Une équipe de télévision locale de Barcelone, composée d'une présentatrice et d'un cameraman, décidé dans le cadre de leur émission « Pendant que vous dormez » de suivre une équipe de pompiers durant une nuit. Alors que la première moitié de la nuit se passe à tuer le temps en attendant une éventuelle alerte, le seconde commence par un appel en provenance d'un immeuble
annonçant qu'une vieille personne est coincée dans son appartement.
Arrivés sur les lieux, les deux pompiers et l'équipe de télévision trouvent au rez-de-chaussée deux policiers tentant de réunir les informations auprès des quelques voisins. Après récolte des dites informations, les pompiers, les policiers et les journalistes montent au premier étage de ce petit immeuble deux facades barcelonnais. Ils trouvent, dans l'appartement, une vieille femme en chemise de nuit présentant les symptômes d'une sorte de rage; elle saute au coup d'un policier et lui arrache la gorge. Laissant l'un des pompiers avec la vieille femme, le reste de l'équipe tente d' évacuer le blessé; l'immeuble est cerné par les forces de police. Le pomier laissé à l'étage est jeté dans la cage d'escalier. Commence alors pour les survivants une fuite qui démarrera des caves pour aboutir au dernier étage, dans une tentative désespérée d'échapper aux morsres des infectés.

L'entièreté du métrage est perçue par l'unique caméra du journaliste, procédé également utilisé dans deux longs sortis la même année, à savoir « Cloverfield » (mauvais film de monstre) et « Diary of the dead » (cinquième film de zombies de Romero et sa plus grande réussite depuis « Dawn of the dead »-cf critique du blog). On pouvait donc craindre une énième tentative de « film d'horreur documentaire » qui n'a de documentaire que l'intention, mais c'était sans compter sur les réalisateurs du projet: Jaume Balaguero, réalisateur des brillants « La secte sans nom » et « Darkness », et Paco Plaza. Il faut également ajouter la présence dans l'équipe du directeur de la photographie Pablo Rosso, qui réussi l'exploit, grâce à un savant dosage des lumières, de faire croire que l'entièreté des scènes filmées grâce à la lampe de la caméra du journaliste ne sont en effet éclairée que par celle-ci.

Balaguero et Plaza ont également compris deux éléments d'une importance capitale:
- Si le métrage est un documentaire, il doit en avoir la durée. Le film fait en tout et pour tout une heure dix; logique lorsque l'on sait que les infectés se comportent comme ceux de « 28 jours plus tard » et comme les zombies de « Dawn of the dead » version Zack Snyder. Les actants n'ont donc pas le loisir d'épiloguer pendant des heures sur la meilleure manière de s'en tirer;
- Plus d'une demi-heure de métrage est consacrée à la présentation des personnages: on a donc bien l'impression d'assister à un film documentaire qui n'est pas encore passé à la salle de montage.

En ce qui concerne l'ambiance, que le spectateur soit rassuré: qu'il soit un habitué du genre ou un novice, il vivra probablement les trois étapes suivantes:
- Une attente de l'alerte dans la première demi-heure, qui lui donnera une véritable empathie envers les protagonistes du film;
- Une véritable angoisse lors du démarrage de l'action dans l'immeuble; il est impossible de savoir qui va s'en sortir et qui sera la prochaine victime;
- Une expérience terrifiante lors dès dix dernières minutes, lorsque le fin de mot de l'histoire et l'explication (car il y en a une) de l'épidémie tombent. Le terme « terrifiant » est celui que je juge le plus apte pour qualifier la dernière partie de [Rec]; je n'ai que trop rarement resenti ces émotions lors de projection de soit-disant films d'horreur. Il est à signaler que le « home cinema » prend toute son importance lors des dernières scènes, tant l'ambiance de bruitage vient de tous les côtés de l'appartement du dernier étage.

En clair, [Rec] est une expérience à vivre pour tout amateur d'horreur qui se respecte. A voir dans les conditions les plus optimales possibles, dans la pénombre, seul ou accompagné de personnes ne faisant aucun commentaire, si possible en VO avec home cinema.

[Rec] est un futur classique du cinéma d'horreur européen.