vendredi 28 mars 2008

28 semaines plus tard

Danny Boyle (Trainspotting, Sunshine) avait supris tout le monde avec le succès immense remporté par son film 28 jours plus tard. Dès lors, une suite était prévue mais Boyle annonça directement qu'il ne serait pas aux commandes; il laisse alors la place à Juan Carlos Fesnadillo (Intacto, Esposados) pour la réalisation.

Boyle est un découvreur de talent en ce qui concerne les acteurs (Ewan MacGregor dans "Trainspotting", Cilian Murphy (Sunshine, Batman Begins) dans 28 jours plus tard, ...); il faut croire qu'il l'est aussi dans le choix de ses réalisateurs. Producteur intelligent, il place Robert Carlyle (Trainspotting, Full Monthy, Ravenous, ...), acteur connu en Europe et réputé exigeant sur la qualité des films dans lesquels il accepte de jouer, en tête d'affiche. Ce choix lui assure que le film ne sera pas classé en "horreur pour ados prépubères".

D'emblée, la couleur est annoncée: le film est noir, extrêmement noir! Les 5 premières minutes nous présentent Carlyle qui n'hésite pas à abandonner sa femme et le groupe qui l'aide pour sauver sa propre peau des "infectés".
Un quartier de Londres est sous haute sécurité américaine et protège un groupe de 15000 survivants des attaques des infectés cannibales. Toute personne mordue, en contact avec le sang ou la salive de ceux-ci devient l'un d'eux.

En 20 minutes, le virus est présent dans ce lieu "sécurisé" et les deux enfants de Carlyle, protégés par un médecin militaire et un sniper qui les savent naturellement protégé du virus (espoir de sérum), doivent traverser un Londres aux mains des "zombies "et des militaires qui ont ordre de tirer sur tout ce qui bouge. Fesnadillo ne nous laisse alors aucun répis et l'on assiste à la fuite éperdue de ce petit groupe de survivants.

Les thèmes du film son nombreux et ont dû faire grincer des dents la bonne morale occidentale: éclatement de la cellule familiale (après avoir abandonné son épouse, le père infecté veut dévorer ses gosses), dénonciation de la connerie profonde de l'armée (refus d'écouter les scientifiques et foi absolue dans la puissance des armes à feu...face à un virus!), rappel de la déshumanisation en cas de danger (chacun pour soi et Dieu pour tous), ...

Les scènes d'action et de poursuite (nombreuses) sont filmées à l'épaule et décalées par une musique très douce. Cette manière de filmer est d'ailleurs parfois à la limite du regardable, surtout dans les scènes nocturnes, mais la tension est justement renforcée par cette difficulté de lecture de l'image.

On peut reprocher un manque de psychologie des personnages et un trop grande importance accordée à l'action pure, mais force est de constater que la recette est nénamoins efficace. Fesnadillo nous renvoie notre propre bestialité à la gueule, parfois en faisant référence à "28 jours plus tard". Un exemple? Dans "28 jours", le héros déshumanisé crève de ses pouces les yeux d'un militaire; dans "28 semaines", Carlyle, infecté, procède de la même façon pour son premier meurtre... La limite entre les humains et les enragés est franchie; les uns ne sont pas plus sauvages que les autres...

Avec une fin ouvertement pessimiste qui laisse entrevoir un troisième opus, "28 semaines plus tard" se place aisément dans le top des films d'horreur les plus noirs et les plus violents de ces dernières années.

1 commentaire:

Ubu a dit…

Youpi !

Pour une fois que tu causes d'un film que j'ai vu, je peux enfin répondre !

Sans doute un des plus belles scènes de panique lors de la sortie du lieu de confinement, évidemment attaqué par les contaminés, et lors de la tentative pathétique de distinguer sur qui tirer : autre preuve de confusion.

J'y verrais encore une référence à Zombie (le tout début) mais je ne veux pas passer pour un monomaniaque ;)

J'ai bien aimé, surtout la fin pessimiste ;)

A bientôt