dimanche 27 juillet 2008

Bubba Ho-Tep

Si vous ne le savez pas encore, Elvis n'est pas mort! Il a tout simplement voulu retrouver l'anonymat et a échangé son existence contre celle de son sosie le plus doué; c'est donc le dit sosie qui est mort!

Nous retrouvons donc Elvis Presley (Bruce Campbell) dans une maison de retraite. Il ne se déplace plus qu'en tribune et souffre terriblement de la prostate. Il se souvient des jours meilleurs et broie du noir; plus personne ne veut le croire lorsqu'il affirme qu'il est le véritable Elvis et qu'il aimerait retrouver sa fille et ses privilèges. Son seul ami et le seul à le croire est un vieil homme afro-américain en chaise roulante (Ossie Davis), persuadé d'être John F. Kennedy que l'on a teint en noir pour l'écarter de la vie politique. Les deux hommes se respectent et s'écoutent l'un l'autre, observant la vie monotone des patients qui les entourent. Ils n'attendent plus rien de la vie et souhaitent que leurs derniers jours s'écoulent de la manière la moins douloureuse possible.
Mais lorsque une momie fanatique de western se met à décimer la maison de retraite, Elvis et John décident de défendre au péril de leur vie la dernière chose qui leur reste: l'amitié des patients qui résident avec eux. Ils retrouveront ainsi dans ce dernier combat l'occasion de resentir ce que c'est que d'être un héros.

Don Coscarelli (réalisateur de la série "Phantasm", "La survivante", ...) est un réalisateur à part qui signe ici un film absolument déroutant. En lisant le résumé ci-dessus, ne peut-on pas s'attendre qu'à un comédie fantastique complètement burlesque? Il ne nous donne pourtant, sous le couvert du film fantastique, rien d'autre qu'une superbe réflexion sur la difficulté de vieillir.

Bruce Campbell ("Evil Dead, Spiderman, Xéna, Escape from LA, Alien Apocalypse, Moontrap, Maniac cop 2, ...") joue le King vieillissant avec une crédibilité stupéfiante; on n'avait plus vu meilleure incarnation d'Elvis au cinéma depuis l'interprètation bluffante de Kurt Russel dans le téléfilm de Carpenter, c'est-à-dire depuis plus de 20 ans. Il est assisté par Ossie Davis ("Malcolm X, 12 hommes en colère, Gladiator, She hate me, Dr Doolittle, Freedom man, The Hill, ...") dans son dernier rôle au cinéma (l'acteur nous a malheureusement quitté depuis), touchant dans la peau de ce vieil homme persuadé d'être au coeur d'un complot national le touchant depuis plusieurs décénnies.

Le film se déroule très lentement, à l'instar de la démarche de ses pensionnaires. Coscarelli prend le temps de nous présenter les personnages et de les rendre attachants. Toute l'ambiance de la maison de retraite est parfaitement rendue; pour peu on penserait y vivre également. Le réalisateur n'oublie pourtant pas le suspense, chaque attaque de la momie étant inquiétante. Le combat final (très lent) terminé, on ne peut s'empêcher de sentir son coeur se serrer à la vue de ces pitoyables papis, usant jusqu'à leurs dernières forces pour sauver leur misérable petit chez-eux.

Un film touchant, attachant, dans lequel le réalisateur n'a pas peur de se mettre à nu pour nous confier sa peur de vieillir mais aussi son optimisme de vouloir rester utile à la société jusqu'à son dernier souffle. Un film rare au cinéma.

Aucun commentaire: