Une équipe d'étudiants en cinéma à l'université de Pittsburgh (ville natale du réalisateur George A. Romero et lieu d'intrigue de la majorité de ses films) accompagnée de leur professeur un peu alcoolique sur les bords réalise avec des bouts de ficelle un métrage d'horreur mettant en scène la revanche d'une momie au design digne des films de la Hammer.
Alors que les problèmes s'accumulent sur le tournage quasi amateur, la radio annonce que les morts se relèvent et attaquent les vivants. Les personnes mordues par les revenants décèdent peu après et s'ajoutent ensuite au nombre grandissant des zombies. D'abord incrédule puis inquiet, le petit groupe d'étudiants se sépare en deux groupes inégaux: l'acteur jouant la momie, fils de riche et grand lâche, décide de se réfugier dans la maison de ses parents, véritable bunker; il convint une actrice de l'accompagner. Le reste du groupe décide de prendre le mobilehome du tournage et d'accompagner une des protagonistes du film, très inquiète pour sa famille. Dans ce groupe, le réalisteur décide de tout filmer afin de livrer la vérité face aux politiques qui tentent de minimiser l'affaire.
Sur la route, les jeunes gens et leur professeur subissent une première attaque qui, si elle ne les blesse pas physiquement, pousse une étudiante à une tentative de suicide. Notre équipe, qui verra le nombre de ses membres décliner peu à peu, se verra confrontée à de nombreux dangers, dont certains s'avèreront bien plus mortels que les morts vivants.
Réalisé très rapidement après le succès de « Land of the dead » (on se souviendra que Romero a dû attendre dix ans entre chacun de ses films de zombies pour pouvoir les réaliser), « Diary of the dead » est une indiscutable réussite et ramène son réalisateur vers la qualité de son film de 1978, « Dawn of the dead ». Nous pouvons d'autant plus nous réjouir que le précedent opus « Land of the dead », bien que sympathique, était le plus faible de la série des morts vivants initiée en 1968; il est vrai que c'est également le film sur lequel George a eu le moins de liberté artistique, car soutenu par un gros studio avec le plus gros budget dont le réalisateur ai jamais bénéficié (12 milions de dollars, pourtant une misère dans le système hollywoodien).
Romero développe dans ce métrage tout ce qui lui tient à coeur: les classes défavorisées ont une chance de commander (le leader du ghetto noir confiant à l'héroïne que pour une fois, ils possèdent tout et ont une chance de prendre le contrôle de leur destinée), le fait d'avoir de l'argent ne fait aucune différence dans les chances de survie (le gosse de riche sera l'instrument de la perte du groupe), les militaires profitent de leur supériorité en armement pour piller les civils, les médias mentent et manipulent l'information.
Le réalisateur fait de nouveau appel à de quasi inconnus pour les rôles titres, au contraire du précédent opus dans lequel on rencontrait Dennis Hopper et John Leguizamo; tout aussi talentueux que soient les acteurs connus précités, Romero ne trouve une véritable liberté artistique qu'avec des acteurs méconnus. Une différence de marque par rapport aux précédents films: aucun protagoniste noir dans l'équipe de héros. Si un leader noir leur procure à un moment une aide précieuse, seule une femme blanche marque le leadership (Romero est un grand féministe); le rôle de l'afroaméricain est remplacé par le professeur alcoolique et outsider: quasiment inutile dans le monde normal mais retrouvant tout ses réflexes en situation extrême.
Romero pose dans ce film une question posée également dans [Rec]: peut-on tout filmer au nom du droit à l'information? Mais là où le duo espagnol semblait condamner un peu le voyeurisme de certains médias, « Diary of the dead » montre l'importance d'une information objective et indépendante face aux grands groupes de presses manipulés ou infiltrés par la politique.
Un excellent film qui, comme d'habitude, prend le prétexte des zombies pour livrer une analyse acerbe de l'humanité. Comme à chaque fois, le héros placera cette phrase emblématique de l'oeuvre de Romero en parlant des revenants: « Nous, c'est eux et eux, c'est nous ».
Reste à espérer que Romero bénéficiera un jour d'un budget digne de ses visions.
dimanche 25 janvier 2009
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